Majorations familiales : attention aux idées reçues

Selon un préjugé véhiculé par beaucoup de médias, les salariés du privé bénéficieraient à la retraite de majorations familiales plus avantageuses que les affiliés aux régimes spéciaux. En réalité, c’est l’inverse !

A priori, une femme salariée du secteur du privé qui met au monde un enfant valide huit trimestres, contre deux si elle bénéficie d’un régime spécial, à commencer par celui des fonctionnaires.
Le régime général, plus avantageux qu’un régime spécial ? Ce serait bien la première fois !

Aussi n’est ce pas le cas car on compare des choux et des carottes.

- Côté choux, le régime général des salariés du privé est "contributif", ce qui veut dire que le montant de la pension est directement indexé sur les cotisations réellement versées. Pour être clair, un trimestre non cotisé ne rapporte rien à la retraite.

- Côté carottes, les régimes spéciaux sont "rétributifs", ce qui signifie que chaque trimestre validé, même non cotisé, augmente la pension.

Prenons l’exemple d’une mère de trois enfants, percevant un salaire de 3 500 euros par mois.

- Côté choux, salariée du privé, les trimestres qu'elle valide ont pour seul effet de réduire une éventuelle décote, mais ne lui apportent aucun droit supplémentaire sur le montant de sa pension.

- Côté carottes, affiliée à un régime spécial, non seulement elle évite la décote, mais le caractère rétributif du régime a pour effet d'augmenter sa pension dans une proportion qui n'est pas négligeable : 2 268 euros par an, soit 54 432 euros sur la durée moyenne de la retraite (24 ans ) !

En fait d’avantage, on conviendra que le privé est encore dans les choux…

L’erreur fréquente des médias s’explique, d’une part, par l’extraordinaire complexité de la mosaïque française des retraites (la différence entre régime contributif et régime rétributif est méconnue) d’autre part – et surtout – par une incroyable bévue préalablement commise par la commission Moreau dans son rapport de février 2013.

En effet, le rapport Moreau a tout simplement inversé la réalité, prétendant que la majoration des fonctionnaires « permet seulement de réduire une décote éventuelle, et non d’augmenter le montant de la pension (…), alors que dans les régimes alignés ces trimestres servent à la fois pour le taux (décote) et pour le montant de la pension (proratisation) ». Or, c’est exactement le contraire ! Ce sont bien les affiliés aux régimes spéciaux qui profitent du double effet « réduction de décote + augmentation de pension » !

Une telle inversion est étonnante de la part d’experts des retraites.
Mais il suffit de savoir que la totalité des experts et rapporteurs de la commission Moreau bénéficie d’un régime spécial pour ne pas s’en étonner outre mesure…


Fermer