Agirc-Arrco : Toujours aux mêmes de faire des efforts !
La situation des deux régimes est en effet très critique : les réserves, si difficilement constituées depuis 20 ans, sont quasiment épuisées, et la Cour des comptes comme le COR - établissement administratif placé sous l'autorité du Premier ministre - rappellent qu'il est hors de question de recourir à l'emprunt pour sauver les pensions du privé. Comme si ces deux institutions voulaient préserver le monopole de l'Etat en la matière !...
Selon la Cour des Comptes, il ne sera possible de remédier à cette situation catastrophique qu’en combinant trois mesures drastiques : la hausse du taux de liquidation, la baisse des pensions et le recul de l’âge de départ à la retraite. Ce qu’elle appelle : « des mesures d’urgence à prendre des efforts à partager ».
Mais à partager entre qui ?
Depuis le début des réformes, en 1993, les efforts accomplis par les affiliés de l’Agirc et de l’Arrco sont sans commune mesure avec ceux qui ont été exigés des agents publics :
. Hausse des cotisations : les taux de cotisations ont sensiblement augmenté dans les complémentaires du privé au cours des 20 dernières années, notamment avec la création d'un taux d'appel : + 25 % ! En regard, les cotisations sont complètement fictives dans la fonction publique et ne correspondent qu'à de simples jeux d'écritures.
. Chute des rendements : 10,3% en 1993 contre 6,56 % actuellement. En clair, 1 € cotisé aujourd'hui rapporte 36 % de moins que voilà 20 ans.
. Baisse des taux de remplacement : à salaire égal, un cadre qui percevait à la retraite 64,4 % de son dernier salaire il y a 20 ans, n'en perçoit plus que 52 % aujourd'hui.
. Réduction des majorations pour enfants : elles sont désormais plafonnées à 83 € par mois alors que, pour les agents publics, elles représentent 10 % du montant de la pension, avec 5 % de plus par enfant à partir du quatrième, sans plafonnement.
. Revalorisation des retraites inférieure à celles du public : depuis des années, les pensions servies par les complémentaires Agirc-Arrco sont systématiquement revalorisées en-dessous de celles de la fonction publique.
Et pourtant l'Etat, via la Cour des comptes et le COR, conseille aujourd'hui aux gestionnaires des caisses complémentaires du privé d'exiger encore de nouveaux efforts de ceux qui en ont déjà fourni le plus ! Tandis que l'Etat recourt à l'argent du contribuable ou à l'emprunt (impôts de demain...) pour payer les retraites de ses fonctionnaires, retraites qui ne sont ni cotisées ni provisionnées.
· Les salariés et retraités du privé attendent de voir les mêmes institutions publiques publier des rapports aussi clairs sur les régimes de la fonction publique et les autres régimes spéciaux.
Avant de demander de nouveaux sacrifices aux affiliés de l’Agirc et de l’Arrco, que l’Etat commence donc par réformer ces régimes spéciaux !