Les retraités paient le prix des fausses promesses
Le rabotage des revalorisations de pensions fait apparaître la véritée crue : les retraités vont payer la facture des fausses promesses et de l'absence de vraie réforme.
Les négociations en cours à l’Agirc-Arrco sur les revalorisations de pensions laissent augurer une nouvelle donne : la « désindexation des pensions par rapport à l’inflation ». En clair, il s’agit de revaloriser les pensions complémentaires sous le seuil de l’inflation, soit une perte nette de pouvoir d’achat pour les retraités. Le coup de rabot est prêt à passer… en attendant l’amputation pure et simple.
Concernant les régimes de base, le gouvernement maintient un flou artistique sur ses intentions, semblant attendre le résultat des négociations à l’Agirc-Arrco avant d’étendre la désindexation aux régimes dont il a la charge. Le coup de rabot pourrait ainsi toucher l’ensemble des pensions, de base et complémentaires.
L’affaire est soigneusement préparée au plan psychologique : le bon niveau de vie moyen des retraités est mis en exergue, ainsi que la nécessité de faire contribuer chacun à l’effort national pour réduire les déficits publics et sociaux.
Il demeure que la pilule est difficile à avaler pour les retraités qui ont travaillé toute leur vie et à qui l’on annonce que les règles du jeu vont changer en cours de partie. Elle est d’autant plus amère que les déficits d’aujourd’hui sont les conséquences des fausses promesses d’hier : notre système de retraite obligatoire par répartition devait faire monts et merveilles. Chacun a donc été contraint de cotiser, toujours plus au fil des années, avec interdiction formelle de prendre soi-même sa retraite en main.
L’impasse financière est également la conséquence de l’immobilisme : depuis 20 ans, de réformes paramétriques en réformes paramétriques, le pilotage à court terme ne fait que repousser à chaque fois l’occasion d’une vraie réforme structurelle, pourtant toujours promise avec tambours et trompettes.
La loi Woerth prévoit, en son article 16, une grande réforme systémique en 2013. Depuis le début de l’année, le gouvernement semble vouloir gagner du temps et repousser l’échéance. Et le dernier rapport du COR évite soigneusement les sujets qui fâchent, ce qui est inquiétant quand on sait que ce rapport doit servir de base à la grande réflexion nationale sur les retraites.
Cela n’empêche pas le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, commentant le coup d’envoi de cette réflexion sur les retraites pour le 27 février, de promettre, comme ses prédécesseurs, la grande réforme : « Ces réformes structurelles ne nous font pas peur ! », claironne-t-il. Mais peut-on encore croire nos politiques ?