Réforme des retraites : l'écart public-privé va se creuser !
Au lendemain de la présentation du plan gouvernemental de réforme des retraites, Nicolas Sarkozy a rappelé qu’il a été inspiré par un « souci de justice et d’équité ». Dans cet esprit, le gouvernement communique sur la « convergence public-privé » que son projet mettrait en œuvre. Or cette convergence n’est, hélas, qu’un trompe-l’œil.
En fait d’alignement du public sur le privé, le gouvernement prévoit pour l’essentiel :
- De supprimer, à compter de 2012, le dispositif de départ à la retraite anticipé, sans condition d’âge, pour les fonctionnaires parents de trois enfants ou plus ayant 15 ans de service.
- De porter le taux de cotisation dans la Fonction publique de 7,85 à 10,55 %... sur 10 ans !
Les avantages du public restent sanctuarisés
Les innombrables avantages liés aux régimes spéciaux, notamment ceux de la Fonction publique, sont donc préservés, à savoir :
- les bases de calcul de la retraite, à savoir les six derniers mois de salaire dans la sphère publique, au lieu des 25 meilleures années (pour la CNAV) ou de la carrière entière (pour les complémentaires Agirc-Arrco) dans le privé
- la multitude de bonifications ou « trimestres gratuits » qui permettent aux fonctionnaires de réduire, sans cotiser ni travailler, le nombre d’annuités requises pour une retraite à taux plein : bonifications du « cinquième », de « moitié », de « campagne » (pour le service national), de « dépaysement », « Outre-mer », « hors Europe »...
- les conditions d’octroi des pensions de réversion au conjoint survivant, qui sont soumises à des conditions d’âge et de ressources dans le privé, mais pas dans le public.
- Les régimes spéciaux d’EDF, de GDF, de la SNCF et de la RATP, dont les salariés ne seront concernés par le report de deux ans de l’âge de la retraite qu’à partir de 2017, et progressivement jusqu’en 2025. Ce n’est donc qu’à partir de cette dernière date que les cheminots « roulants », qui prennent aujourd’hui leur retraite à 50 ans, partiront à 52 !
- Et surtout, le principe des prestations définies, grâce auquel les fonctionnaires voient le montant de leur pension garanti à 100 % par l’Etat. Ce n’est évidemment pas le cas des salariés du privé, dont le niveau des cotisations est revu à la hausse et celui des pensions à la baisse pour équilibrer les comptes des régimes.
Ainsi, dans 10 ans, lorsque le taux de cotisation atteindra 10,55 % dans le public, il est à prévoir que celui du privé aura augmenté et/ou que le taux de remplacement (montant de la pension par rapport au dernier salaire) aura encore baissé. L’écart entre le public et le privé va donc inévitablement continuer à se creuser. L’équité fait « pchitt » !
Pour bien comprendre le mécanisme par lequel l’écart se creuse entre le public et le privé, lire l’étude de l’actuaire Jacques Algarron, « La Retraite des salariés, analyse de son évolution entre générations », publiée par Sauvegarde Retraites.
- Mots clés :
- inégalité public privé