Le régime général

« Régime général » est le terme couramment employé pour désigner le régime de retraite de base des salariés du privé (CNAV). Lors de son instauration, en 1945, ce régime avait vocation à être universel et à assurer la retraite de l’ensemble des Français, d’où son nom de « régime général ». Mais, ce fut un échec. Les régimes spéciaux, qui existaient déjà à l’époque et qui étaient plus avantageux, ont refusé d’y adhérer et d’autres catégories socioprofessionnelles comme les commerçants, les professions libérales ou les agriculteurs ont organisé leurs propres régimes de retraite.


Le régime général des salariés du privé en 2023

Nombre de cotisants (en millions)

22,3

Nombre de retraités (en millions)

15,3

Recettes nettes (en milliards d'€)

158,6

Charges nettes (en milliards d’€)

159,9

Solde (en milliard d’€)

- 1,3 (prévisions : -5,5 en 2024)

Sources : Rapport d’activité 2023 de la Cnav et rapport COR 2024

En 2023, 15,3 millions de retraités, soit quelque 88 % de l’ensemble des retraités français, ont perçu une pension du régime général. Les charges du régime, quant à elles, se sont élevées à 159,9 milliards d’euros, ce qui représente 42,3% des dépenses globales de retraite. Les prestations vieillesse sont tirées à la hausse par les générations du « baby-boom » et par l’allongement de l’espérance de vie.
Le rapport démographique du régime général se dégrade : il était de 1,4 cotisant pour un retraité en 2023, contre 3,6 cotisants pour un retraité en 1974.

Des mesures diverses ont été adoptées par les gouvernements successifs pour tenter de remédier aux difficultés financières. Pour ne retenir que les quinze dernières années, citons :

  • le recul de l’âge légal de départ par la réforme Woerth en 2010 (de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour l’âge pivot), puis par la réforme Borne de 2023 (de 62 à 64 ans)
  • l’augmentation de la durée de cotisation, portée progressivement à 43 ans par la réforme Touraine de 2014
  • les hausses successives des cotisations (en 2014, 2015, 2016, 2017, ainsi qu’en 2024 pour les cotisations patronales)
  • le gel des pensions (en 2014, 2016, 2018)
  • l’alourdissement de la fiscalité sur les pensions (hausse de la CSG)
  • et le siphonnage anticipé du Fonds de réserve des retraites.

Toutes ces mesures n’ont pas empêché les comptes de la CNAV de se dégrader. Selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), organisme officiel connu pour son optimisme outrancier, le régime général accusera un déficit de 1,3 milliard d’euros en 2023, de 5,2 milliards d’euros en 2024 et devrait s’aggraver de manière continue, jusqu’à atteindre 11 milliards d’euros en 2030 et 63 milliards d’euros en 2070.


Solde du régime général de 2013 à 2023 selon le COR (prévisions 2024 et 2025)

(en milliards d’€)

Soldes

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

2024 (p)

2025 (p)

-2,9

-0,6

-0,4

+1

+2,2

+0,2

-1,6

-4,2

-1,3

-3,1

-1,3

-5,2

-7,6

Source : COR

Mais ces estimations du COR cachent une partie importante du déficit réel. Dans un article publié par la revue Commentaire à l’été 2023, l’inspecteur général des finances Jean-Pascal Beaufret a évalué à 12 milliards d’euros la part de la Cnav aux déficits publics, masquée notamment par les subventions que lui versent d’autres administrations sociales (Cnaf et Unedic).

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