Députés, devenez les artisans d’une vraie réforme des retraites !
publié le 16-07-2008
Il est urgent que les élus de la nation prennent à bras-le-corps la question des retraites et proposent enfin une vraie réforme structurelle.
Dans la Revue parlementaire de juillet 2008, Nicolas Lecaussin, directeur des recherches de Sauvegarde Retraites, s’adresse directement aux parlementaires sur la douloureuse question des retraites.
D’abord le constat : en 2007, un déficit de la Cnav de 4,7 milliards d’€, de 5 milliards pour la branche vieillesse de la Sécurité sociale. Déficits qui vont se creuser inéluctablement dans les années à venir, liés au vieillissement de la population. Vers 2040, on prévoit un cotisant pour un retraité et les personnes de plus de 60 ans seront plus de 25 millions en 2050 (12,5 millions en 2000).
Face à ce vieillissement annoncé et parfaitement prévisible, qu’ont fait les élus de la nation et les gouvernants ? Des réformettes et des ajustements paramétriques qui ne font que prolonger l’agonie du système, sans n’y rien toucher en profondeur.
Des questions de fond se posent ainsi sur notre système de retraite :
- Sa complexité : pas moins de 120 régimes de base, dont certains, les régimes spéciaux, subventionnés à coups de milliards d’euros directement pris dans la poche du contribuable.
- Une gestion des caisses incompréhensible : il faut être un spécialiste pour s’y retrouver parmi les dizaines d’organismes qui gèrent l’assurance vieillesse, sur la base du paritarisme. Mais celui-ci a des particularités hallucinantes : est-il normal de trouver à la tête de la Cnav et au sein de l’Agirc-Arrco, censées gérer les retraites du privé, des syndicalistes et des fonctionnaires ??? La gestion paritaire ne subit plus aucun contrôle depuis 1987 et les syndicats se partagent le fromage dans la plus grande opacité et sans rendre compte à personne.
- L’inefficacité du Parlement : à défaut de connaître le système, les élus sont passés à côté des vraies réformes. A commencer par la première d’entre elles : voir plus clair dans les finances sociales. Ils n’ont que 50 jours pour adopter la LFSS* et leur influence n’est faite que de retouches tout à fait symboliques. Est-il normal qu’ils ne consacrent que quelques minutes aux dispositions relatives à l’assurance vieillesse ? A ce rythme, leurs modifications financières sont quasiment nulles.
Face à ce constat, que faire ? Les élus ont des obligations morales sur la situation financière des retraites. Leur mission essentielle devrait être de rendre le système de retraite plus clair et plus équitable. Il faudrait, comme aux Etats-Unis et en Suède, leur donner tout le temps nécessaire pour prendre connaissance des comptes de l’assurance vieillesse et proposer de vraies réformes.
Les retraites aujourd’hui en France représentent des paiements futurs qui seront assumés par les prochaines générations. Le système de comptabilité est faussé car les dépenses ne sont pas provisionnées. Arrêtons donc les réformettes et « petits arrangements » entre les caisses ! Seule une réforme structurelle majeure pourra éviter la faillite totale.
*loi de financement de la sécurité sociale
Nota bene : pour lire l’article de Nicolas Lecaussin en entier, allez dans l’onglet "Sauvegarde Retraites dans les médias" et cliquez sur le titre de l'article ou sur l’image de la Revue parlementaire.
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