Cumul emploi-retraite : de l'art de cultiver la discrimination

La libéralisation des conditions de travail des retraités du privé suscite encore bien des remous

« Emploi-retraite, cela pose un vrai problème », « Risque de dumping sur les retraites », « une dépense qui va contre l’emploi », « libéraliser les cumuls emploi-retraite, c’est autant d’emplois qui ne sont pas créés », les syndicats se sont déchaînés contre les tentatives du gouvernement tendant à libéraliser, quel que peu, les conditions de travail des retraités qui, souvent par nécessité, veulent continuer à exercer une activité.
C’est dire à quel point le dirigisme des syndicats, sur cette question, vire à la pathologie. Alors que, dans le public, les fonctionnaires peuvent reprendre librement une activité, dans le privé, les conditions sont drastiques. Le retraité ne pourra, notamment, gagner plus (retraite+nouvelle rémunération) que ce qu’il percevait avant de liquider sa pension.
Les syndicats se sont toujours employé à préserver religieusement cette discrimination entre le public et le privé. Cela prouve, une fois encore, que, pour eux, un fonctionnaire vaut toujours plus qu’un employé du privé.
Le témoignage ci-dessous indique l'urgence de cette réforme qui ne doit être remise à plus tard sous aucun prétexte. Le scandale est encore plus grand quand il s'agit de personnes qui se font piéger de bonne foi par des règlements qui leur semblaient inimaginables. La colère de notre correspondant s'explique puisqu'il ignorait 1) que le cumul lui était interdit et 2) qu'il était autorisé aux fonctionnaires.
Témoignage
Après une succession de réclamations, j'ai enfin obtenu une réponse de la part de ma Caisse de Retraite. La réponse me révolte, car il est précisé :
<<...la reprise d'une activité salariée entraîne la suspension de l'allocation, si l'activité exercée procure des revenus, qui ajoutés à l'ensemble des pensions et allocations servies, excèdent le dernier salaire d'activité...>>
Ce qui signifie que, celui qui termine sa carrière avec un salaire confortable de 5000 € par exemple, pourra reprendre une activité salariée, avec un bon salaire qui pourra atteindre encore 2 à 3000 €. Pour celui qui termine son activité avec un salaire de misère...1500 €, par exemple, il ne pourra reprendre une activité salariée, qu'avec un salaire de misère de quelques centaines €...! Ne parlons pas des très petits salaires, inférieurs à 1000 €, qui contraignent les gens à " crever " ou à travailler clandestinement.
Cette mesure est parfaitement discriminatoire et devrait être anti-constitutionnelle. Même après la retraite, la culture du privilège se poursuit, et profite surtout et avant tout aux fonctionnaires et régimes spéciaux, qui cumulent le maximum de rémunération sur les derniers mois d'activité ... compte tenu que leur retraite est calculée sur le dernier mois de salaire ou tout au plus sur les 6 derniers mois de salaire.
On nous parle de permettre aux seniors de continuer ou de reprendre un travail, pour sauver un système qui s'effondre en raison d'un état d'esprit imprégné d'un poison inoculé par les syndicats, qui défendent uniquement la fonction publique, qui leur assure le maximum de privilèges.
J'ai commencé à travailler à l'âge de treize ans...en 1961, comme apprenti peintre en bâtiment. Je termine comme responsable d'un laboratoire de produits chimiques ... et j'ai cotisé en tout 46 années + 10 mois ... et l'on ose maintenant me poser des conditions pour pouvoir reprendre une activité salariée. Ma retraite, je l'ai bien gagnée, et je dois trouver une astuce pour échapper à cette injustice ... je dirai même à cette insulte...!...Ce qui sera préjudiciable à société toute entière...
J'ai 61 ans, et je me prépare désormais pour un autre combat.

Second courrier

S'il ne s'agissait que de mon cas, le problème ne serait que de peu d'importance, mais il s'agit du secteur privé qui est lésé et exploité par le secteur public.

Puisque vous dites que les fonctionnaires peuvent cumuler sans restriction, un emploi et leur retraite, ne peut-on invoquer la mesure discriminatoire et anti-constitutionnelle, et rassembler les retraités du secteur privé pour déposer massivement et à titre individuel, une plainte contre les responsables de ce système...état, caisse de retraites, syndicats...etc... J'avais cru comprendre que 1789 avait aboli les privilèges. Faut-il comprendre que les privilèges de la noblesse ont été transférés à la fonction publique ? L'arsenal législatif ne nous permet-il pas de mettre en oeuvre une attaque contre cette injustice ?


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