Régimes spéciaux : le mythe de la pénibilité

Pour justifier les départs précoces à la retraite, la pénibilité du travail est souvent invoquée au sein des services publics mais les dernières données publiées par le Conseil d’Orientation des Retraites et la Cour des comptes, sur l’espérance de vie, tordent définitivement le cou à cette idée préconçue.

Chacun connaît la rengaine : le cheminot de la SNCF ou de la RATP, l’agent EDF ou le fonctionnaire en service « actif » peut prendre sa retraite dès 55 ou même 50 ans sous prétexte que son activité professionnelle aurait été particulièrement éreintante. Quoi de plus logique : si le travail est réellement pénible, l’espérance de vie est alors réduite. Il est donc tout à fait juste que les malheureux soient libérés plus tôt pour bénéficier d’une retraite aussi longue que le commun des mortels. Le seul « hic », et on pouvait s’en douter, c’est que l’espérance de vie, d’un régime à l’autre, n’est pas très différente. Mieux, le cheminot – qui se considère pourtant usé jusqu’à la corde par vingt-cinq ou trente années de « service public » ! – a plus de chances que la plupart des Français de faire de vieux os… Autrement dit, c’est tout le mythe de la pénibilité des services publics qui s’effondre.
Âge de la retraite, en 2004

 

Age moyen de départ à la retraite

Age moyen au décès

SNCF

50,3 ans pour les conducteurs 55,1 ans pour les autres agents

81,8 ans

RATP

54,8 ans

79,3 ans

EDF et GDF

55,4 ans

78,8 ans

Banque de France

56,1 ans

82,2 ans

Fonctionnaires d’Etat

57,6 ans

81,7 ans

Salariés du privé

61,3 ans

80,4 ans

Ces données n’ont rien d’étonnant, lorsque l’on sait que les agents publics bénéficient d’un rythme de travail très « aménagé ». Le conducteur de train roule, en moyenne, moins de six heures par jour et pas plus d’un jour sur deux et l’employé d’EDF, à l’instar de certains fonctionnaires de l’Etat : contrôleurs aériens, agents du ministère de l’Intérieur, etc… n’exerce pas plus de 32 heures par semaine. Rien à voir avec l’abattage d’un médecin, d’un commerçant ou même d’un ouvrier de chantier qui, pour leur part, devront attendre 60, 65 ans, ou même davantage, pour enfin bénéficier d’un repos mérité. Les institutions publiques brisent un vrai tabou. Ces données statistiques sonnent comme un nouveau plaidoyer pour la réforme des régimes spéciaux.

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