L’État organise une guerre des générations pour justifier ses prédations
Quand l’État n’a pas fait ce qu’il fallait faire quand il le fallait et qu’il ne sait plus comment sortir de la situation catastrophique dans laquelle il s’est lui-même fourré (et les Français avec lui) faute d’avoir réalisé les réformes nécessaires, il se tourne immanquablement vers la solution de facilité : taxer davantage encore les citoyens. L’ensemble de la population, actifs comme retraités, passera à la tonte ; mais il faut bien un début et le plus pratique pour tondre le troupeau est de le diviser. Ainsi les pouvoirs publics, relayés par certains médias, s’appliquent-ils à créer de toutes pièces entre les Français une guerre des générations, d’autant plus indécente qu’en matière de retraite, l’État impose depuis 80 ans un système par répartition fondé en théorie (mais en théorie seulement…) sur un principe de solidarité entre les générations.
Le discours officiel et médiatique qui prévaut ces derniers temps présente donc les retraités comme des nantis qu’il serait juste de dépouiller. Ainsi une tribune récemment publiée sur le site du Nouvel-Observateur, signée par un normalien, agrégé de sciences économiques et sociales, proposait-elle de ponctionner les retraités « les plus aisés », soit ceux qui perçoivent plus de 2 000 euros de pension ! L’auteur suggère de geler les pensions de base, d’augmenter le taux de CSG sur les retraites, de supprimer l’abattement fiscal de 10 %, de créer un « troisième niveau de solidarité entre retraités et personnes dépendantes » et une « contribution sociale sur les transmissions ».
On cherche en vain une cohérence à de telles propositions.
Il est illogique, sous prétexte de solidarité avec les personnes dépendantes, de taxer les retraités au profit d’un État de plus en plus captateur, alors qu’eux-mêmes parviennent à un âge où le risque d’entrer en dépendance tend à augmenter. Illogique aussi d’imposer plus lourdement les successions sous prétexte de soulager les actifs, qui sont les premiers frappés par cet impôt. Quant au gel des pensions et à l’augmentation de la CSG, il ne s’agit que de vieilles recettes fiscales par lesquelles l’État n’a de cesse de rogner les pensions depuis des décennies. Notre normalien agrégé y ajoute la suppression de l’abattement fiscal : l’impôt, toujours l’impôt !
Tout cela se résume finalement au vieil axiome du collectivisme étatique : faire payer les prétendus « riches ». Rappelons à cet égard que le smic mensuel s’élève à 1801,80 brut, soit 1 426,30 euros net, ce qui relativise la « richesse » des retraités qui perçoivent une pension de 2 000 euros après avoir cotisé pendant toute leur vie active.
De tels propos ne sont que des régurgitations de la propagande d’État, ressassée par le COR (conseil d’orientation des retraites), qui tend à faire passer les retraités pour des nantis en prenant en compte pour évaluer leur « niveau de vie », non seulement les pensions, mais aussi ce que les ménages sont parvenus à économiser et à investir tout au long de leur existence (y compris en acquérant leur logement), après prélèvement des impôts, taxes et cotisations sociales. Ce faux procès fait aux retraités, ainsi mis en accusation devant l’opinion publique, permet de justifier auprès de nos compatriotes les mesures spoliatrices envisagées.
Nous ne répèterons jamais assez que l’équilibre budgétaire, condition sine qua non du maintien du niveau des pensions, ne pourra être atteint sans une réforme de fond en comble des systèmes français de retraite, à commencer par les plus largement déficitaires : les régimes spéciaux du secteur public.