Les retraités une nouvelle fois victimes de la gabegie et de l’impéritie de l’État
20 milliards d’euros : c’est officiellement le montant du trou dans les caisses de l’État que le gouvernement va devoir boucher en 2024 – quoi qu’il en coûte – pour éviter que le déficit public ne dépasse les 5,1 % de PIB initialement prévus : autrement dit, près de 150 milliards d’euros !
Quoi qu’il en coûte… mais à qui ? La lecture du Figaro du 22 mai permet de s’en faire une idée. Pour trouver des « voies d’économie », comme on dit pudiquement, des députés de la majorité proposent de remettre en cause, entre autres, l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation, avec des conséquences négatives sur la revalorisation des pensions. Emmanuel Macron et son gouvernement feignent ainsi de laisser l’initiative aux élus, et se prétendent même défavorable à cette idée mais, en réalité, le gouvernement et Bercy sont toujours à l’origine des propositions en matière de finances. Ce trompe-l’œil vise seulement à éviter de faire endosser par l’exécutif la responsabilité des mesures impopulaires.
Or, ces mesures résultent, d’une part, de l’absence d’une réforme de fond des retraites, que Sauvegarde Retraites demande sans discontinuer depuis sa création et d’autre part, de la prolongation de l’existence des régimes spéciaux du secteur public, dont les avantages, actuellement confortés, continuent à creuser le déficit public et la dette.
À cet égard, la SNCF fait office de « tête de gondole ». L’État, unique propriétaire de cette entreprise publique, vient de consentir à ses syndicats de nouveaux avantages, particulièrement indécents au moment où de nouveaux efforts sont demandés aux affiliés des régimes du privé, continument sacrifiés depuis1993. Ces privilèges supplémentaires, comme ceux, encore plus considérables, récemment octroyés aux contrôleurs aériens, ouvrent une brèche dans laquelle les autres régimes de retraite des entreprises publiques – prétendument « fermés » – s’engouffrent déjà. Quant aux régimes spéciaux des trois fonctions publiques, de loin les plus importants et les plus coûteux, ils ont été beaucoup moins réformés que ceux du privé et les réformes y ont été grandement compensées.
Enfin, la folle gabegie de la gestion publique continue et s’amplifie même, comme le montrent une fois encore les avantages ahurissants consentis aux syndicats du public à l’approche des Jeux olympiques (1 000 euros brut de primes en moyenne pour tous les agents de la RATP, 1 900 euros pour les policiers et gendarmes en Ile-de-France, entre 800 et 2 500 euros selon les catégories pour le personnel hospitalier, etc. À la SNCF, pour une fois dernière servie, les négociations sont en discussion).
Ce n’est qu’un exemple des dilapidations de l’argent public auxquelles le gouvernement continue à se livrer. Or, in fine, l’argent public sort toujours des poches privées. Ces gaspillages ont, en effet, une conséquence directe sur les pensions de retraite, en contribuant à accroître le déficit public – que l’État envisage aujourd’hui de réduire en revalorisant moins, voire plus du tout, les pensions.