Emmanuel Macron réélu : la vigilance s'impose !

Lors de son premier quinquennat, Emmanuel Macron n’a pas établi l’équité entre les affiliés aux régimes de retraite, comme il s’y était engagé. Les affiliés du privé doivent donc plus que jamais se mobiliser s’ils ne veulent pas être une fois de plus sacrifiés.

Le 24 avril, Emmanuel Macron a été réélu Président de la République. Pour les retraités, qui représentent une large part de son électorat, ce n’est pourtant pas très rassurant et pour les actifs du secteur privé, encore moins. Pendant son premier quinquennat, en effet, Emmanuel Macron n’a pas fait ce qu’il avait promis de faire et il envisage de faire au cours du second ce qu’il avait dit qu’il ne ferait pas.

Il n’a pas fait ce qu’il avait promis : la réforme de fond concoctée par le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, d’ailleurs très imparfaite, a été avortée à la faveur du covid-19 et opportunément enterrée. Emmanuel Macron avait promis d’établir l’équité entre tous les retraités : ce n’est pas fait et les régimes spéciaux existent toujours. Pendant le débat précédant le deuxième tour de l’élection présidentielle, il a de nouveau prétendu vouloir les supprimer, mais les plus importants, ceux de la fonction publique, ne sont pas concernés. Quant à ceux des entreprises publiques, ils seront de facto maintenus pendant au moins un siècle et les avantages qu’ils procurent à leurs affiliés (aux frais des contribuables) seront pérennisés, comme le montre l’exemple du régime spécial de la SNCF, soi-disant fermé.

Emmanuel Macron s’était aussi engagé à prendre les mesures propres à assurer l’équilibre financier du système de retraite, ou du moins à y tendre, en remplaçant les annuités par les points, comme c’est déjà le cas dans les régimes complémentaires des salariés du privé (AGIRC-ARRCO) : ce n’est pas fait.

En revanche, il avait promis de ne pas toucher à l’âge légal de départ. Mais le complet fiasco de sa tentative de réforme le conduit aujourd’hui à recourir à cette mesure paramétrique, en reportant l’âge de départ à 65 ans, ou 64 – on ne sait plus trop, ses annonces ayant varié au cours de la campagne électorales. Ce report sera financièrement efficace, mais douloureux, en particulier pour les affiliés aux régimes du privé, tandis que de très nombreux retraités de la fonction publique pourront continuer à liquider leur retraite avant 60 ans (dès 54 ou 59 ans selon les régimes). On est donc très loin des engagements de 2017.

Par ailleurs, le Président de la République ne s’était pas caché, dès l’époque où il était inspecteur des Finances, de vouloir abaisser le niveau de vie des retraités. Il s’y est essayé à plusieurs reprises au cours de son premier quinquennat, notamment par la hausse du taux de CSG, que la révolte des Gilets jaunes l’a contraint d’aménager en introduisant un taux intermédiaire de 6,6 %, entre le taux réduit et le taux plein, porté à 8,3 %.

En outre, les retraités qui ont économisé pour leurs vieux jours sont aussi taxés sur leur épargne, amputée par la hausse de 1,7 point de CSG. Une partie d’entre eux sont également assujettis à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), y compris sur la résidence principale.

Parallèlement, dans le régime de base comme dans les complémentaires Agirc-Arrco, les retraites ont été gelées (comme à la CNAV en 2018) ou, souvent, revalorisées sous l’inflation : en 2019, 2020 pour les pensions dépassant 2000 euros brut par mois, 2021 et 2022 à la CNAV, où la date de la revalorisation a par ailleurs été reportée du 1er octobre 2018 au 1er janvier 2019. À l’AGIRC-ARRCO, la valeur de service du point a été revalorisée en-dessous de l’inflation en 2018, 2019 et 2021 et il n’y a pas eu de revalorisation en 2020.

Ainsi, sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le pouvoir d’achat des retraités a-t-il baissé, sous les effets conjugués de l’augmentation des taxes et des revalorisations sous l’inflation.

Saura-t-il gré aux nombreux retraités qui ont voté pour lui de l’avoir reconduit dans sa fonction présidentielle ? Rien n’est moins sûr. On peut prévoir, au contraire, que l’ancien inspecteur des Finances, issu de la fonction publique, ne touchera pas aux avantages des affiliés aux régimes spéciaux, au risque de provoquer de nouveaux affrontements avec les syndicats du public : chat échaudé craint l’eau froide, dit le dicton. Les affiliés aux régimes du privé, actifs et retraités, doivent donc rester sur leurs gardes.


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