Présidentielle : en finir avec le siphonnage des caisses du privé !
À l’approche de l’élection présidentielle, il faut le redire avec insistance : les régimes spéciaux coûtent environ 20 milliards d’euros par an aux contribuables, tandis que pour les salariés du privé, les cotisations augmentent et les pensions s’érodent (baisse notable du rendement des complémentaires Agirc-Arrco) et sont revalorisées en-dessous de l’inflation : la revalorisation en 2022 des pensions des salariés du privé et des indépendants a été fixée à 1,1 % pour la pension de base et à 1 % pour les complémentaires Agirc-Arrco, alors même que l’inflation a été de 2,9 % en janvier et que l’Insee prévoit un taux compris entre 3,2 % et 3,4 % pour la période de février à juin ! C’est une perte de pouvoir d’achat nette pour les retraités du privé. Et c’est une tendance lourde : dans son rapport annuel de juin 2021, le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit une diminution sensible du niveau de vie des retraités par rapport à celui des actifs au cours des prochaines décennies.
Les salariés du privé et les indépendants sont les principales victimes de cette réalité cruelle : non seulement il n’y a pas d’équité, mais les régimes spéciaux – structurellement déficitaires – voient le plus souvent leur équilibre comptable financé par des subventions publiques ou des taxes spécialement affectées. Les contribuables sont donc contraints de payer, au bénéfice d’autrui, des retraites plus avantageuses que celles qui sont servies par leur propre régime. Pire encore : chaque année, des milliards d’euros sont prélevés dans les caisses du privé pour renflouer d’autres régimes plus profitables à leurs affiliés.
Les cas de siphonnage sont légion depuis de nombreuses années, mais le dernier exemple relève d’une captation sans vergogne : depuis 2020, les caisses du privé paient les avantages retraite servis par le régime spécial de la SNCF, lequel est officiellement fermé (uniquement pour les cheminots recrutés à partir de 2020). Le gouvernement a pris prétexte de cette semi-fermeture pour imposer aux régimes du privé le versement d’une soulte à la caisse de la SNCF (CPRP). Mais il ne s’agit pas simplement de compenser le « manque à gagner » lié au fait que les nouveaux cheminots ne cotiseront pas à la CPRP. Cette logique apparente dissimule en réalité une redoutable arnaque : en effet, les pensions de la SNCF sont financées depuis des décennies par le contribuable (système de double cotisation T1 et T2) et par une subvention annuelle de 3,2 milliards d’euros ! Désormais, les caisses du privé vont prendre le relais, au moins en partie, alors que leurs propres affiliés sont loin de bénéficier des mêmes avantages que les cheminots, qui profitent de 75 % de leur dernier traitement et peuvent liquider leur pension dès 52 ou 57 ans selon les catégories. Cela ne changera pas pour les cheminots embauchés avant 2022 et tout laisse à penser que, d’une manière ou d’une autre, les nouveaux ne seront pas perdants.
Stop ! ça suffit ! A contribution égale, pension égale ! Sauvegarde retraites exige des engagements fermes des candidats à l’élection présidentielle :
- Aucun avantage de retraite ne pourra être financé par l’impôt, ni par un régime de retraite moins généreux avec ses propres affiliés.
- La loi doit empêcher le siphonnage des caisses du privé pour financer les avantages des régimes spéciaux et la captation par l’État des réserves du privé.