Bonnet d'âne pour "le meilleur système du monde"!
Depuis plusieurs décennies, la France, ou plutôt l’administration française, s’enorgueillit d’avoir bâti l’un des meilleurs systèmes de retraite, que le monde entier est supposé nous envier. L’affirmation purement gratuite ne tient pas l’analyse dès que l’on compare les systèmes sur la base de critères objectifs. En octobre 2019, la 11e édition du rapport annuel de Mercer sur les systèmes de retraite plaçait la France en 18ème position sur 37 pays analysés. Fondé sur des critères d’efficacité, ce baromètre annuel mesure 40 indicateurs répartis en trois grandes catégories :
- la performance (rapport entre le dernier revenu d’activité et la pension reversée, c’est-à-dire le taux de remplacement),
- la viabilité (durée de couverture des pensions par les réserves),
- et la lisibilité du système.
Plus récemment, le groupe Allianz a publié le Global Pension Report, qui classe la France au 51ème rang sur 70 pays analysés, avec une note de 4,2 sur 7 (1 étant la meilleure note). Pour établir ce classement, Allianz analyse 30 variables qui prennent en compte les «conditions démographiques et budgétaires», la « viabilité du système » et « l’adéquation à un niveau de vie proche d’un actif ». Si le score d’adéquation (taux de remplacement) de la France n’est pas le pire de tous, l’étude note cependant que ce score est « surtout porté par le régime public ». Ce n’est pas une surprise quand on sait que les taux de remplacement s’érodent progressivement pour les anciens salariés du privé, comme le montrent les études de Sauvegarde retraites, tandis qu’ils sont maintenus, garantis et même parfois bonifiés dans les régimes spéciaux. Le rapport note ainsi que le système français se caractérise par "de grandes disparités". C’est le moins que l’on puisse dire… Et le mot «disparités» est faible…
Menaces sur la viabilité du système français
Allianz s’inquiète également d’une « menace sensible sur la viabilité du système français », particulièrement fragilisé par la crise sanitaire : « Le peu qui restait de marge de manœuvre budgétaire s’est envolé », souligne l’économiste Michaela Grimm, qui a piloté cette étude. Les auteurs notent encore que les prévisions de croissance, sur lesquelles se fondent nos projections, sont aujourd’hui obsolètes en raison de la crise sanitaire. Déjà que les projections du Conseil d’orientation des retraites (COR) ont tendance à se fonder sur des prévisions très optimistes en termes de croissance de la productivité et en matière de chômage, l’incidence très forte de la crise du Covid-19 sur ces indicateurs économiques rend caduques toutes les projections qui ont servi de base à toutes les réformes et ajustements passés.
Voici donc la France avec un bonnet d’âne quand elle se prétend la meilleure !