Grève par anticipation à la SNCF

La grève surprise déclenchée par les syndicats de la SNCF le 18 octobre est un avertissement pour le gouvernement, avant toute tentative de réformer les régimes spéciaux.

Les syndicats de la SNCF ont justifié les trois jours de grève surprise qu’ils viennent d’infliger aux Français, empêchant dès vendredi soir les familles de partir en vacances et des milliers de travailleurs de rentrer chez eux après leur travail, par une revendication portant sur la sécurité des transports après un accident survenu sur un train dans les Ardennes.

On pourrait leur objecter que la prise en otage des usagers n’est sans doute pas le meilleur moyen de régler les différends au sein de leur entreprise publique, ni d’améliorer une cote de popularité déjà au plus bas parmi les utilisateurs habituels des chemins de fer.

Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit en réalité. À l’inverse de ce qu’ont prétendu les responsables syndicaux, ce « mouvement social », comme ils disent, a pour but principal de préparer les discussions avec le gouvernement autour de la réforme des retraites, avant la grève (« légale » et annoncée, celle-là) du 5 décembre. Il s’agit de montrer au gouvernement que s’il touche aux régimes spéciaux très privilégiés de la SNCF et de la RATP (dont les avantages hors normes sont financés par des subventions dites « d’équilibre » de plus de 3,2 milliards d’euros à la SNCF et de 710 millions d’euros à la RATP en 2019, financées par les contribuables), ils ont la capacité de bloquer la France comme ils l’avaient fait en 1995, au besoin au mépris de la légalité. Mais aujourd’hui, ils n’ont plus le soutien de l’opinion publique.

Selon un sondage IFOP publié le 1er septembre dernier, 66 % des Français se disent favorables à la suppression des régimes spéciaux de retraite ; et la grève « sauvage » du week-end dernier renforcera probablement cette opinion. Reste à savoir si le gouvernement s’appuiera sur les Français pour réaliser cette réforme, ou cèdera comme d’habitude à la menace des syndicats.


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