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Cacophonie autour de l'exonération des charges sur les emplois à domicile

Un pas en avant, un pas en arrière… Lundi, le gouvernement décide de supprimer l’exonération des charges sur les emplois à domicile ; et mardi le Président, devant le tollé, revient sur sa décision.

Le 23 septembre, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, confirme une information selon laquelle la loi de finances supprimera l’exonération totale sur les emplois à domicile (dans la limite de 650 euros par mois de rémunération), dont bénéficient les personnes âgées de plus de 70 ans qui, sans être dépendantes, ont néanmoins besoin de se faire aider.

Le lendemain, 24 septembre, Emmanuel Macron, en déplacement à New-York, corrige le tir : la mesure est finalement abandonnée. « Le Premier ministre a pris la bonne décision qui consistait non pas à rester dans le flou, mais à dire clairement que le gouvernement renonçait à cette mesure parce que les conditions n’étaient pas remplies », déclare le Président de la République. « Les choses sont claires, en bon ordre et derrière nous. Ça s’appelle le pragmatisme. »

Cela s’appelle surtout une cacophonie, qui dure depuis des mois, les annonces se succédant et se contredisant les unes les autres. Quant au flou, il caractérise l’action de l’actuel gouvernement en matière de retraites.

On ne voit pas à quoi fait allusion Emmanuel Macron en parlant de « conditions » qui ne seraient « pas remplies ». Ce que l’on voit très bien, en revanche, c’est l’enchaînement des « coups de rabot » subis par les retraités au cours des dernières années :

  • création de la Casa (de 0,3 %) en 2013 ;
  • suppression progressive de la « demi-part des veuves » ;
  • fiscalisation de la majoration familiale
  • hausse de la CSG consécutive à ces deux mesures, pour des centaines de milliers de retraités ;
  • augmentation, à partir de 2015, du taux de CSG pour 460 000 retraités ;
  • augmentation du « forfait fiscal » sur les compléments retraite des salariés
  • assujettissement de nombreux retraités aux taxes locales et à la redevance télévision, consécutif à ces différentes mesures

Et bien sûr, hausse de la CSG appliquée depuis janvier 2018, à propos de laquelle Emmanuel Macron a fait son mea culpa le 25 avril dernier, en déclarant : « Je n’oublie pas (…) les retraités modestes, dont j’ai un moment cru moi-même que leurs protestations n’étaient pas totalement légitimes – “vous me parlez de la CSG, regardez c’est quelques euros par mois” – mais qui vivent aujourd’hui avec l’angoisse de parfois devoir aider les générations suivantes qui ne s’en sortent pas totalement, de devoir subvenir aux besoins de leurs propres aînés qui vivent encore et sont en dépendance et qui voient devant eux ce que va coûter la maison de retraite, l’EHPAD, entre 1 800 et 2 000 € par mois là où leur retraite est à 1 300 €, et qu’ils ont (sic) travaillé toute leur vie. »

Nous avions alors remarqué la conception très optimiste que se faisait le président du coût d’un hébergement en maison de retraite. La suppression de l’exonération fiscale dont bénéficient les emplois à domicile ne remédierait certainement pas à cette situation et pourrait se traduire par la suppression concomitante de certains de ces emplois. Il n’est pas sûr que cela soit rentable au regard des économies attendues de cette mesure (310 millions d’euros en 2020, une goutte d’eau dans la mer du déficit réel du système de retraites).


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