La réforme déjà repoussée

La réforme des retraites ressemble à une patate chaude à laquelle tous les gouvernements se brûlent les doigts. Celui d'Emmanuel Macron n'y fait pas exception.

Le vote de la réforme systémique des retraites annoncée par Emmanuel Macron est reporté.

Le calendrier présenté par le gouvernement prévoyait que la « concertation » organisée par le haut-commissariat chargé de préparer cette réforme - autrement dit, les négociations avec les organisations syndicales et patronales, la « consultation citoyenne » n’étant qu’un trompe-pigeons - se terminerait en décembre. Finalement, elle se poursuivra jusqu’au mois de mars 2019. Ipso facto, le projet de loi ne pourra pas être discuté et voté avant la rentrée 2019.

Officiellement, le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye aurait demandé un délai supplémentaire, vu l’ampleur du travail à réaliser. Mais il se murmure que le gouvernement souhaite surtout repousser le débat au-delà des élections européennes du mois de mai prochain…

Pour l’instant, le gouvernement renforce son dispositif, en nommant des « ambassadeurs retraite » : à savoir, trente-huit parlementaires (trente-cinq députés et trois sénateurs), qui se « forment » auprès des équipes du haut-commissaire afin de pouvoir répondre aux contradicteurs lorsque le contenu de la réforme sera enfin révélé. Ce qui en a filtré laisse en effet craindre que le nombre des « râleurs » - comme dit Emmanuel Macron - ne se multiplie considérablement en France, en particulier parmi les affiliés aux régimes du secteur privé, et plus spécifiquement les indépendants, puisque les réserves de leurs caisses constituées grâce à une gestion responsable leur seront confisquées par l’État-gaspi.

Ce report du vote de la réforme n’aura pas d’effet, puisque, comme l’a déjà indiqué le haut-commissaire lui-même, elle ne commencera pas à s’appliquer avant 2025. Mais la création d’un nouveau comité Théodule, avec la nomination de ces trente-huit pseudo « ambassadeurs retraites », montre que le gouvernement est moins soucieux du contenu de la réforme que de la manière dont elle sera reçue des Français.

Or, on ne peut pas prétendre corriger tout le système de retraite, comme l’exige la situation, et donner la priorité à la communication.


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