Crise de la dette : les retraites dans le collimateur

La pression du FMI et de Bruxelles pour de nouvelles coupes dans les pensions grecques montre que les retraites sont les premières variables d’ajustement de la crise économique.

Les retraites sont le point d'achoppement des négociations en cours sur la dette grecque. En effet, quand les finances publiques sombrent, les plus gros postes de dépense sont dans le viseur : or les pensions de retraites sont en bonne place, puisque l’enveloppe globale des pensions approche les 17 % du PIB grec. Elles constituent donc la variable d'ajustement la plus rentable à actionner…

Dans le cas de la Grèce, ce n'est pas un simple coup de rabot qui est exigé, mais une coupe franche, comme ce fut déjà le cas en 2010 (les pensions avaient alors été amputées de 15 % en moyenne). Mais la réforme de 2010 n'a pas suffi à rétablir les comptes publics. Le FMI et l’Union européenne exigent donc aujourd’hui que le gouvernement grec remette le couvert, en réduisant les pensions de manière drastique. C'est bien sûr un nouveau coup dur pour les retraités grecs, qui ont à peine eu le temps de se remettre de l'amputation de 2010. Quant aux actifs, ils risquent de voir de nouveau l'âge de départ reculer et la durée de cotisation augmenter.

Autrement dit, tout se passe comme si, en répartition, les retraites constituaient un poste de dépense publique, sur lequel l’Etat grec avait la main : ce qui se vérifie sans doute en fait, mais n’est pas légitime pour autant. En répartition, les cotisations sont prélevées sur les actifs à seule fin de payer les pensions des retraités, qui ont eux-mêmes cotisé lorsqu’ils étaient encore en activité. Les cotisations sociales, bien qu’elles constituent un prélèvement obligatoire, ne peuvent donc pas être légitimement considérées comme de l’argent public, l’Etat n’étant en quelque sorte qu’un intermédiaire entre cotisants et pensionnés.

Certes, le système de retraites grec, caractérisé par une multiplicité de caisses et une myriade de régimes spéciaux, ne reposait sur aucune réalité économique et nécessitait – comme le système français – une vraie réforme structurelle, qui n’a d’ailleurs toujours pas été réalisée.

Mais justement, il est pour le moins abusif que les retraites servent de variable d’ajustement et que les retraités soient les otages de la mauvaise gestion publique – en Grèce aujourd’hui, en France demain –, alors que l’Etat, lui, ne se réforme pas.


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