FRR : l'Etat vide la tirelire

Le Fonds de Réserve des Retraites devait servir de matelas de sécurité mais il est déjà pompé pour parer au plus pressé...

Faut-il tirer sur le corbillard du Fonds de Réserve des Retraites (FRR), condamné à mort par la réforme Woerth de 2010 ?
En théorie, ce fonds créé par Lionel Jospin en prévision des années de vaches maigres, n'aurait pas dû être ponctionné avant 2020. Abondé par des taxes, il devait au contraire, en plaçant les sommes reçues, constituer un matelas susceptible d'atténuer le choc à partir de cette date. En somme, l'Etat ne se conduisait pas très différemment d'un ménage qui se constitue une cagnotte pour pouvoir faire face aux difficultés à venir...
Malheureusement, les vaches ont maigri plus vite et davantage que prévu. Nous sommes déjà dans la période critique. Et l'Etat fait ce que font beaucoup de ménages en pareil cas : il a cessé d'alimenter la cagnotte et pioche dedans pour parer au plus pressé.
Comme prévu par la Loi Woerth, le FRR verse 2,1 milliards d'euros à la CADES (Caisse d'amortissement de la dette sociale) jusqu'en 2024 et devra, par ailleurs, servir 5,5 milliards à la CNAV, en 2020, au titre de la "soulte" liée à l'adossement du régime spécial de retraite des électriciens et gaziers au régime général des salariés du privé...
La bonne nouvelle est qu'en 2012, grâce au rendement de ses placements financiers qui ont compensé en grande partie les versements effectués à la CADES, le FRR n'avait perdu que 300 millions d'€ d'actifs nets ; toutefois, moins il y a d'actifs, plus le rendement est faible alors que ces versements à la CADES, eux, ne diminueront pas.
S'y ajoute une deuxième observation : quand le FRR alimente la CADES grâce au produit de ses placements, ne serait-ce pas en quelque sorte la capitalisation tant décriée qui vient au secours de la répartition ?


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