Sauver le système ou sauver les retraites ?

Telle qu’elle s’engage, la énième réforme des retraites risque, encore une fois, d’être insuffisante. Résultat : plus que jamais nos retraites sont en danger...  

Une vraie réforme des retraites, intelligente et courageuse, est un bon moyen pour le gouvernement de redorer son blason après l’échec des élections régionales. Néanmoins, cette réforme s’engage d’un mauvais pas. Le nouveau ministre du Travail, Eric Woerth, a reçu les cinq syndicats présumés « représentatifs » des salariés ainsi que les trois organisations patronales, pour tenter de définir avec eux les « objectifs » et la « méthode » d’une réforme qui se veut la « der des ders ».
Mais, qu’est ce qui peut bien sortir d’une négociation avec des syndicats arc-boutés sur la défense des avantages de la fonction publique et auprès desquels le gouvernement s’est déjà engagé à sanctuariser les régimes spéciaux ?
Il est à craindre que le Ministre ne s’en tienne à reporter l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, en dépit d’oppositions de façade des organisations professionnelles, destinées à donner le change en convainquant l’opinion que cet effort, dérisoire au regard de ce qu’il faudrait faire, est considérable.
Cette mesure, qui aurait pour principal intérêt de réaliser des économies rapidement s’avèrerait à terme tout à fait insuffisante.
Les esprits lucides savent que la « der des ders » n’est jamais la dernière. Le système de retraite français a déjà fait l’objet de plusieurs retouches, à intervalles de plus en plus rapprochés : en 1993, 2003, 2008…
Si le ministre du Travail se contente à nouveau d’une réformette, celle de 2010 ne réglera pas plus que les précédentes les problèmes de fond, de plus en plus urgents, de plus en plus brûlants. Il faudra s’attendre alors à ce qu’elle soit suivie d’une nouvelle réforme après 2012, puis, si rien ne change toujours au fond, en 2015, puis en 2017… Désormais, on connaît la chanson.
Au terme de ces demi-mesures, viendra peut-être un moment où l’on pourra se féliciter d’avoir sauvé le système mais pour y parvenir, on aura sacrifié les retraites !

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