La capitalisation : une très bonne idée ! Si l’État reste à sa place…
publié le 15-04-2025
Alors que le système par répartition, gigantesque pyramide de Ponzi, arrive aujourd'hui à bout de souffle, la capitalisation progresse dans les esprits. Mais attention, toutes les formes de capitalisation ne se valent pas.
L'idée de la retraite par capitalisation progresse dans les esprits de nos concitoyens, comme le montrent les enquêtes d'opinion. Ainsi, selon celle publiée par la société de sondage Toluna - Harris Interactive au mois de février, plus de 70 % des actifs et 77 % des retraités sont favorables à l’introduction d’une dose de capitalisation, alors que 63 % de nos compatriotes ne croient plus à la durabilité du système par répartition). Il faut s’en réjouir.
Les politiques se mettent au diapason, comme l’ancien ministre Edouard Philippe, qui, en décembre 2019, lorsqu’il dirigeait le gouvernement, dénigrait la capitalisation en l’associant à l’« argent roi » et au « choix du chacun pour soi », mais s’y montre aujourd’hui favorable... Il faut évidemment se féliciter de cette évolution tardive des dirigeants politiques, même s’il ne faut pas être trop dupes. Elle est dictée par la nécessité : ils prennent enfin conscience que le « tout-répartition », qui avait jusqu’à présent leur préférence, n’est pas viable, notamment en raison du déclin démographique – ce qui était depuis longtemps une évidence. Toutefois, il n’est pas aisé de sortir du cercle vicieux de la répartition, car il faut assurer la transition vers la capitalisation tout en continuant à financer les pensions des aînés.
Pour y parvenir, il faudra à tout prix éviter que l’État n’en profite pour augmenter les prélèvements obligatoires et ne prenne le contrôle des fonds capitalisés dans le cadre d’une capitalisation collective (pour ne pas dire collectiviste). La tentation serait alors grande pour lui de s’emparer des réserves constituées, comme l’ont montré ses multiples tentatives de s’emparer de celles de l’Agirc-Arrco. À l’inverse, un système par capitalisation bien géré présentera plusieurs avantages : mieux répondre au défi démographique, rendre les retraités moins dépendants de l’État et relancer l’économie française !Après tout, la capitalisation, si décriée, existe déjà pour les fonctionnaires depuis 1964, année de la création de la Caisse nationale de prévoyance de la fonction publique (Préfon), qui est un régime complémentaire facultatif fonctionnant par capitalisation. S'y est ajoutée en 2003 la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), régime par points abondé par l’État, qui fonctionne aussi par capitalisation. Et les sénateurs ne sont pas en reste, puisqu’ils disposent d’un régime de retraite par capitalisation très généreux et financièrement à l’équilibre !
Si la capitalisation est aussi funeste que certains le prétendent, pourquoi les bénéficiaires des régimes spéciaux et les élus, d’ordinaire attachés à leurs avantages, y ont-ils recours de manière privilégiée ?