Grande vieillesse : pour l'Etat, la solution, c'est l'impôt !
publié le 09-10-2020
Comment financer la grande vieillesse et la perte d’autonomie quand on n’a pas le courage de réaliser une véritable et nécessaire réforme des retraites ? Bon sang, mais c’est bien sûr : en augmentant les impôts !
Le 7 août 2020, en plein cœur de l’été, ont été votées deux lois « relatives à la dette sociale et à l’autonomie », qui ont créé une cinquième branche de la Sécurité sociale, afin de mettre en place une politique de soutien à l’autonomie des personnes âgées ou handicapées.
Rappelons qu’à l’origine, les systèmes de retraite avaient été créés justement pour secourir les personnes devenues incapables de subvenir à leurs propres besoins, et non pour permettre à certains quinquagénaires en bonne santé de prendre des vacances prolongées et payées par l’ensemble des actifs – répartition oblige ! En théorie, l’intention paraît donc bonne. Mais en pratique, ce qui est prévu pose quelques problèmes, que la publication d’un épais rapport de 360 pages, remis le 14 septembre dernier, permet de mieux appréhender. L’une des problématiques les plus évidentes concerne le financement de cette nouvelle branche. Elle sera gérée par l’actuelle Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), dont le périmètre d’action augmentera – et par conséquent, les besoins de financement aussi : il est prévu qu’ils passent de 27 MM d'€ à 42 MM d'€. Une partie du rapport est donc consacrée aux mesures de financement. La lettre de mission remise par le gouvernement aux rapporteurs leur demandait d’identifier « des sources de financement à mobiliser prioritairement pour couvrir la réforme du Grand âge à compter de 2021 », fixées conventionnellement à 1 MMd'€ dès 2021 et 3 à 5 MM d'€ d’ici à 2024. Ils émettent à cette fin plusieurs propositions. En premier lieu, il pourrait être procédé à des transferts entre les différentes branches de la Sécurité sociale. Mais ces jeux de vase communicants ne suffiront pas. Et quand l’Etat a besoin d’argent public, on sait qu’il va le chercher dans les poches du privé. Diverses mesures concernent les actifs. Voici celles qui frappent les retraités.1. Premièrement, des réductions de « niches sociales et fiscales », habillage hypocrite pour signifier que jusqu’à présent l’Etat a été bien bon de ne pas vous racketter plus qu’il ne le faisait, mais que ça pourrait changer. Plusieurs "pistes" sont évoquées :
- Supprimer le bénéfice de l’exonération totale de cotisations patronales pour le recours aux services d’aide à domicile aux personnes âgées qui qui sont autonomes.
- Abaisser le plafond de la réduction d’impôt au titre des frais de dépendance et d’hébergement pour les personnes âgées accueillies en établissement, EHPAD ou autre.
2. Deuxièmement, d’« éventuels » prélèvements obligatoires :
- porter le taux de CSG sur les retraites à 9,2 %.
- Supprimer l’abattement de 10 % pour le calcul de l’impôt sur le revenu dont bénéficient les pensions et retraites, ou réduire de moitié le plafond dans la limite duquel il s’applique (1 925 € au lieu de 3 850 €). En outre, le rapport précise que cette mesure aurait un impact sur les dispositifs fiscaux ou sociaux dont le bénéfice ou le montant dépendent du caractère imposable des personnes ou du revenu fiscal de référence, comme l’APA ou le taux de CSG applicable aux pensions… Pour le fisc, c’est belote et rebelote.
- Augmenter la non déductibilité de la CSG de l’impôt sur le revenu de 0,4 % pour les retraités redevables de cet impôt au taux de 6,6 %, et de 2,1 % pour ceux assujettis au taux de 8,3 %.
- Etendre l’assiette de la Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA) à certaines prestations de retraite qui en sont exonérées (à savoir, celle versées sous forme de rente ou de capital issues d’un plan d’épargne retraite lorsque ces prestations correspondent à des versements volontaires.)
- Instaurer un prélèvement de 0,8 ou 1 % sur les transmissions de patrimoine.
- Créer une nouvelle tranche de 25 % pour les transmissions dont la part taxable se situe entre 284 128 € et 552 324 €.
- Mots clés :
- retraite
- dépendance
- réforme
- taxes