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La polémique sur la capitalisation, une grande comédie et une fausse tragédie

L’actuel débat sur les retraites est (volontairement ?) tronqué par une polémique qui masque les vrais enjeux actuels des retraites.

Ainsi, les médias accordent-ils depuis quelques jours une large place au gestionnaire d’actifs américain BlackRock, qui serait le cheval de Troie en France de la vilaine capitalisation. Cette société, que courtiserait Emmanuel Macron, pourrait bénéficier du plafonnement de la cotisation des hauts salaires, que l’ex-haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, dans ses « préconisations », avait prévu de fixer à 120 000 € de revenus par an. Au-delà de ce plafond, les actifs concernés verseraient une cotisation de 2,81 %, qui ne leur ouvrirait pas de droits à la retraite, mais servirait à financer le système.

Les opposants à la réforme arguent que ce plafond permettra à ces hauts revenus de placer leur argent, ce dont profiteraient les sociétés de placements comme BlackRock. Des journalistes qui dénoncent volontiers la théorie du complot, se font l’écho de ces noires machinations, sans avoir beaucoup réfléchi à leur bien-fondé, semble-t-il. Car les personnes qui gagnent plus de 10 000 € par mois n’ont pas attendu le nouveau plafonnement pour placer leur argent et capitaliser.

Elles ne sont d’ailleurs pas les seules et ceux-là mêmes qui crient au loup ne sont pas les derniers à lui graisser la patte… En effet, la capitalisation - que les syndicalistes du public affectent de honnir - existe bel et bien en France : non pas dans les régimes des salariés du privé… mais dans ceux du secteur public. Sans parler du régime des sénateurs, qui fonctionne par capitalisation (avec un rendement particulièrement intéressant), c’est aussi le cas des régimes complémentaires créés pour les fonctionnaires : la Préfon (facultatif) et la retraite additionnelle de la Fonction publique (la RAFP, obligatoire). Entre leur statut et ces régimes par capitalisation (qu’ils se réservent), les fonctionnaires et agents publics ont à la fois le gâteau et la cerise. On n’a pas beaucoup entendu les syndicalistes du public s’en offusquer…

Ce recours à la capitalisation est facilité aux salariés du public par le fait que leurs pensions sont payées par les contribuables et que le montant en est garanti par l’Etat. Les cotisations y sont fictives et que les hausses de taux n’ont pas de répercussions sur les traitements des actifs du secteur public. En revanche, ceux du secteur privé subissent le poids démesuré de cotisations retraite qui ont déjà augmenté de dix points depuis les années 1990 et atteignent aujourd’hui le taux de 28 % (et le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, appelle de ses vœux une nouvelle augmentation !). Pour mémoire, nos voisins allemands, par exemple, considèrent immoral d’exiger des actifs une cotisation supérieure à 20 %...

Rappelons, enfin, que la capitalisation est de la prévoyance. Si l’on avait prévu – et provisionné davantage ces cinquante dernières années, nous n’en serions pas là !


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