Déficit et dette retraite : pourquoi la réforme est indispensable
Depuis le début de l’année 2019, les projections publiées par le Conseil d’orientation des retraites (COR), sur lesquelles s’appuie le gouvernement pour anticiper le déficit du système de retraite au cours des prochaines années, ont été corrigées par deux fois.
Le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a d’abord annoncé que le système était « presque à l’équilibre ». Puis, en juin, qu’il atteindrait environ 12 milliards d’euros de déficit en 2022. Enfin, en novembre, qu’il s’élèverait à 17 milliards d’euros en 2025. Quand on sait que le COR travaille sur des hypothèses fixées par le gouvernement, il n’y a pas lieu d’être surpris de ces évolutions.
Mais ces annonces sont peu de choses au regard du montant des engagements de l’Etat, c’est-à-dire de la dette retraite, plus rarement évoqués par les médias. Comme l’explique le Rapport sur les pensions de retraite de la fonction publique, publié avec le projet de loi de finances pour 2020 (Jaune budgétaire), ces engagements « sont un moyen d’estimer l’effort financier de long terme que l’État devra supporter en matière de retraite, à savoir la valeur actuelle probable des pensions qui seront versées aux actuels retraités et actifs (sans tenir compte des recrutements futurs), en contrepartie de leurs droits acquis à la date d’évaluation. » Pour la seule fonction publique d’Etat, ils étaient évalués à 2 212 milliards d’euros fin 2017 et à 2 080 milliards fin 2018 (le montant variant selon le taux d’actualisation utilisé).
Plus largement, selon le Conseil d’Orientation des Retraites, les engagements de l’ensemble des régimes obligatoires de retraites atteignaient, fin 2015, entre 8 108 milliards d’euros et 9 804 milliards d’euros. (2)
L’ampleur des sommes en jeu permet de mesurer celle du problème et la nécessité d’une réforme. Dans la logique de notre système par répartition, les générations montantes, récemment entrées dans la vie active ou qui s’apprêtent à le faire, porteront le fardeau de ces engagements. S’y ajouteront le coût de la grande dépendance et la charge de la dette publique, qui ne cesse de progresser et que creusent les régimes spéciaux de retraite du secteur public, lesquels sont financés par l’impôt et constituent le premier poste de dépenses de l’Etat.
Si l’on ajoute que les actifs de ces générations seront proportionnellement beaucoup moins nombreux pour financer les retraites que ne l’étaient leurs devanciers, on comprend qu’une réforme du système de retraite, mais aussi de l’Etat lui-même, est à la fois urgente et inévitable.
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