Réversion du privé : comment on vous enfume !

Non seulement le Gouvernement ne tient pas sa promesse (passage du taux de réversion de 54 à 60 %) mais il n’hésite pas à nous faire prendre des vessies pour des lanternes… Inacceptable !

A la mort de son conjoint, une veuve ou un veuf peut toucher une fraction de la retraite du défunt : c’est la pension de réversion. Dans les régimes du privé (salariés, professions libérales, indépendants, exploitants agricoles, etc.), cette fraction peut atteindre, au maximum, un taux de 54 %* ce qui, dans beaucoup de circonstances, peut s’avérer très faible, notamment lorsqu’une veuve n’a jamais exercé d’activité professionnelle et n’a donc pas, elle-même, de retraite.
Dans le cadre du Rendez-vous 2008 sur les retraites, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, et le ministre des Affaires sociales, Xavier Bertrand, se sont engagés solennellement à améliorer le sort des veufs et des veuves en augmentant le taux de réversion de 54 à 60 %. Pour la cote de popularité, c’est succès garanti…
Néanmoins, après l’annonce de cette mesure, nos politiques au grand cœur ont eu tout l’été pour s’apercevoir – oh, surprise ! – qu’il ne restait pas le moindre centime dans les caisses pour financer leur générosité.
Au moment de présenter la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009, on pouvait alors penser que l’heure de vérité allait sonner. On s’attendait, au pire, à des excuses confuses et, au mieux, à un plan de réforme salutaire. Mais, évidemment, c’est sans compter sur l’aplomb dont peuvent faire preuve nos dirigeants… Car, voici les principales dispositions de l’article 52 du PLFSS, projet la loi de financement de la Sécurité sociale, qui prévoit la « revalorisation » des réversions. Tenez vous bien !
Tout commence pour le mieux : « Conformément à l’engagement du Président de la République, le présent article a pour objet de porter les pensions de réversion servies aux veuves et aux veufs (…) à 60 % ». Mais, après, c’est un festival !
- En effet, contrairement à ce qui était promis, la revalorisation n’intéressera pas toutes les veuves et les veufs mais uniquement ceux « disposant de faibles pensions de retraite ». Votre pension ne doit pas excéder 800 € par mois. Si ce n’est pas le cas…, circulez ! Autre condition, vous devez avoir 65 ans. Si vous êtes plus jeunes…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça écrème sec !
- En outre, si vous faites partie des rescapés, ne vous réjouissez pas trop vite. Car, en réalité, il n’est plus du tout question de passer, une bonne fois pour toute, du taux de 54 % à 60 % mais simplement de revaloriser les réversions de moins de 800 € de 11 %.
Enfin, pour en terminer avec les mauvaises nouvelles, la poignée d’euros supplémentaires qui vous sera accordée ne le sera pas cette année mais en 2010.
- En revanche, s’agissant de la mesure restrictive que le gouvernement avait également envisagé dans le cadre du Rendez-vous 2008, cette fois, il n’a pas feinté. La condition d’âge pour toucher la réversion qui avait été supprimée par la loi Fillon (2003) va effectivement être rétablie. Il faudra donc avoir au moins 55 ans pour toucher cette réversion et ce, évidemment, dès 2009.
Conclusion : pour faire passer une mesure honteuse – s’attaquer à la retraite des veuves et des veufs – le gouvernement n’a pas hésité à donner l’illusion qu’il allait faire exactement l’inverse. La classe !
* La pension de réversion, dans le privé, est accordée au conjoint survivant dont les ressources n'excèdent pas 1 462,90 € par mois. Au surplus, lorsque le conjoint survivant a des ressources personnelles inférieures à ce plafond, ces ressources viennent en déduction de ce même plafond et l'intéressé perçoit alors le différentiel - lorsqu'il existe! - au titre de la réversion.

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