Alors le Tiers-Etat, face à la fonction régnante, on se réveille ?

Le problème majeur est qu'en quelques décennies, patiemment, sournoisement, la fonction publique a en réalité pris le contrôle de l'Etat, son employeur qu'elle aurait dû se limiter à servir. Elle est devenue la fonction régnante. Elle est plus que majoritaire au Gouvernement, elle l'est pratiquement au Parlement, elle contrôle le COR, Conseil d'Orientation des Retraites, elle seule participe au Comité de suivi des retraites chargé de piloter le système de retraite dans son ensemble, par syndicats publics interposés, elle s'impose dans les organismes paritaires et  tous les organes de contrôle (notamment Conseil constitutionnel, Conseil d'Etat, Cour des comptes etc.) sont quasiment publics.  Bref, dans la patrie de Montesquieu, la séparation des pouvoirs n'existe plus : celui qui prépare la loi, celui qui la vote (même quand il vote n'importe quoi comme le montre le dernier sketch des impôts locaux), celui qui l'applique (mal, cf. l'importance du  contentieux fiscal) et celui qui la contrôle (sans rien changer ou presque, cf. la Cour des comptes qui critique inlassablement sans véritablement sanctionner les dérives qu'elle dénonce et qui perdurent pour la plupart d'une année sur l'autre) appartiennent tous au même bord.  Pourquoi donc se soucieraient-ils des autres, eux qui détiennent tous les pouvoirs et qui, en pleine crise financière, peuvent se réserver - cf la retraite parlementaire  et les régimes spéciaux des services publics - des pensions proprement scandaleuses, tout en facturant au contribuable les déficits abyssaux et croissants  de leurs régimes privilégiés ? Il reste un fait têtu : maintenant la France est devenue une pyramide qui repose sur sa pointe sommitale  (je préfère cette locution un peu compliquée à "sommet"…, par trop équivoque) et on s'interroge  pour combien de temps encore, tant est atterrante l'incroyable fragmentation et la stupéfiante passivité politique et sociale d'un secteur privé outrageusement floué, alors qu'il rassemble dans ses rangs  les trois quarts des retraités, les trois quarts  des cotisants et les trois quarts  des électeurs.  Alors, le Tiers-Etat, on se secoue ? On se réveille ?
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