Retraite à 60 ans : un coût flou, flou, flou

Les chiffres concernant le coût du retour partiel à la retraite à 60 ans se contredisent selon qu'ils émanent du gouvernement ou de la CNAV

Tout a un coût, à commencer par la mesure gouvernementale revenant partiellement sur le recul de l’âge du départ à la retraite. Pourtant, il semble impossible de préciser ce coût avec certitude.

Le mois dernier, déjà, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, convenait en répondant sur RMC à Jean-Jacques Bourdin que « pour l’instant, on n’arrive pas à savoir combien ça va coûter. »
Un mois après, bonne surprise, paraît-il : Gérard Rivière, lui aussi syndicaliste FO et président de la CNAV, affirme que l’addition sera beaucoup moins salée que prévu pour le régime général : 450 millions la première année au lieu du milliard annoncé par le gouvernement, soit deux fois moins que la hausse des cotisations prévues pour financer la mesure.
Du coup, c’est noël en juin. D’ici 2017, l’augmentation des cotisations rapporterait à la CNAV 2,8 milliards d’euros, alors que le retour aux 60 ans lui coûteraient « seulement » 1,7 milliard. Gérard Rivière déclare : « Nous ne pouvons que nous féliciter de cet apport de recettes » ; et l’on peut même lire dans Les Echos que « ce surplus permettra de réduire le déficit, considérable, de la CNAV » !
En somme, il suffirait de baisser l’âge de la retraite pour remplir les caisses. On se demande pourquoi Eric Woerth n’y avait pas pensé…
Désinformation ou impéritie ? Quelques remarques s’imposent :

· la CNAV prévoit 60 000 départs à 60 ans en 2013, tandis que Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, en annonce 110 000 pour l’ensemble des régimes. Voilà un mois, sur le plateau de Bourdin, Jean-Claude Mailly évoquait même 150 000 départs. La différence (50 000 départs, au minimum) serait donc à chercher ailleurs.

· En effet, la CNAV n’est pas seule concernée par la mesure : il se trouve aussi des salariés qui ont commencé à travailler avant 20 ans au sein des autres régimes, en particulier ceux des salariés et non salariés agricoles, des artisans, des commerçants, mais aussi des agents des trois fonctions publiques, des ouvriers de l’Etat et des régimes spéciaux…
En toute logique, la CNAV devrait donc partager avec ces régimes l’enveloppe des hausses de cotisations.
Il apparaît en définitive que la mesure gouvernementale a été adoptée en exécution du programme du candidat socialiste à la présidence de la République, sans que son coût ni le nombre des bénéficiaires aient été sérieusement (ni même approximativement) évalués.
Au-delà des chiffres que la CNAV ou le gouvernement sortent de leur manche, on reste donc dans le flou le plus complet.

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