Promesse aujourd’hui, fardeau demain

Sous prétexte d’aider les familles monoparentales, des députés démagos et irresponsables préparent un nouveau report de dépenses qui pèsera sur les futures générations.

En matière de retraite, la démagogie est plus active que jamais, comme le montre la proposition de loi (PPL) conçue par un groupe de travail réunissant des députés des partis LFI (mélenchonistes), Renaissance (macronistes), socialiste, Modem, communiste, écologiste et LIOT. Cette PPL, déposée par les députés Sarah Legrain (LFI) et Philippe Brun (PS), entend répondre, affirme ce dernier, au « sujet social et féministe le plus prégnant de notre société », à savoir les difficultés que rencontrent au quotidien les mères de famille monoparentale (en matière de garde d’enfant, d’emploi ou de logement).

Pour s’en tenir aux aspects qui concernent la retraite, les députés investis dans le groupe de travail envisagent d’octroyer aux mères de famille isolées six trimestres d’assurance retraite gratuits (sans avoir cotisé) et de majorer de 15 % leur pension de retraite. Or, ces mesures sont dépourvues du plus élémentaire bon sens. Certes, la démographie joue un rôle important pour l’avenir des retraites, en particulier dans un système par répartition, mais si des familles en difficulté ont besoin d’être aidées, c’est hic et nunc, ici et maintenant – et non pas lorsque la mère de famille atteindra l’âge de prendre sa retraite, après que les enfants devenus adultes auront quitté le nid familial et voleront de leurs propres ailes. Au contraire, l’octroi de trimestres gratuits et d’une majoration à la retraite n’ont aucune efficacité dans l’immédiat, n’amélioreront pas la situation des mères isolées au moment où elles en auront vraiment besoin et ne leur procureront aucun secours en matière de garde d’enfant, d’emploi ou de logement.

En revanche, ces mesures absurdes constituent un report de dépenses qui s’inscrit hélas dans une longue tradition et elles se résument par la formule : après nous, le déluge. Si monsieur Brun ne le sait pas, faut-il lui rappeler que ce sont les générations futures qui devront payer ces nouveaux avantages retraite ? Les enfants qui auront grandi dans une famille monoparentale devront alors, comme les autres, supporter le poids d’une dette gigantesque que contribue à créer le déficit des retraites – estimé à 68 milliards d’euros par l’ancien Inspecteur général des finances Jean-Pascal Beaufret – tout en payant les pensions d’un nombre de retraités appelé à s’accroître de quatre millions d’ici à 2040, alors que celui des cotisants restera stable (on ne comptera plus que 1,5 cotisant pour 1 retraité en 2040, contre un ratio de 2,1 pour 1 au début des années 2000).

Autrement dit, la pseudo-générosité démagogique des députés actuels contribue au déséquilibre croissant des retraite et aboutira à brève échéance à rendre la situation des prochaines générations d’actifs encore plus intenable – avec, in fine, le risque non négligeable d’une baisse du niveau des pensions de retraite ! Dans le secteur privé, un tel mode de gestion, qui s’apparente à de la « cavalerie », donnerait lieu à des sanctions pénales. Les députés, qui font la loi pour les autres, échappent à ces conséquences et sont irresponsables à tous les sens du mot.


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