Ce que contient le nouvel accord Agirc-Arrco

Sur fond de conflit avec l’État, les organisations syndicales et patronales gestionnaires de l’Agirc-Arrco se sont mis d’accord sur les règles qui présideront au fonctionnement du régime jusqu’en 2026.

Cet accord prévoit que :

- les retraites sont revalorisées de 4,9 % cette année. Les trois années suivantes, la revalorisation annuelle sera indexée au taux de l’inflation, mais les gestionnaires se réservent la possibilité de les revaloriser au-dessous de 0,4 % de l’inflation pour se laisser une marge de manœuvre.

- La décote de 10 % (dit « coefficient de solidarité ») qui incitait les salariés affiliés à l’Agirc-Arrco à différer le moment de leur départ en retraite* est d’ores et déjà supprimée pour les assurés nés à partir du 1er septembre 1961, qui sont concernés par la réforme des retraites. Elle disparaîtra pour tous – y compris ceux qui en étaient déjà frappés – au mois d’avril 2024. (La surcote attribuée à ceux qui prolongent leur activité de deux à quatre ans est également supprimée, sauf pour les retraités qui en bénéficient déjà.)

- Le cumul emploi-retraite ouvrira des droits à la retraite dans la limite du plafond de la sécurité sociale (3 666 € par mois en 2023), avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2023. (Jusqu’à présent, les retraités qui reprenaient un emploi s’acquittaient comme les autres d’une cotisation sociale, mais celle-ci ne leur ouvrait aucun droit à la retraite.)

Cet accord intervient dans le cadre d’un bras de fer avec l’État, qui lorgne les réserves du privé. En effet, le gouvernement n’ignore pas que la réforme mise en place par Élisabeth Borne sera très insuffisante pour établir l’équilibre budgétaire des retraites, que mettent en péril les régimes spéciaux de la fonction publique. La situation se trouvera encore compliquée par le départ à la retraite de deux millions de personnes d’ici à 2030 et plus de quatre millions d’ici à 2040. La majorité de ces nouveaux retraités seront gérés par les régimes du secteur privé. À l’évidence, les prétendus « excédents », fruits de la réforme, que le gouvernement invoque pour justifier le pillage des caisses de retraite complémentaire du privé ne suffiront pas pour procéder aux gros ajustements qui s’ensuivront et l’Agirc-Arrco devra largement puiser dans ses réserves. Celles-ci ne doivent donc pas être considérées comme une cagnotte, encore moins comme un « magot », mais comme une sécurité.

*Depuis 2019, une décote de 10 % ampute pendant trois ans la pension des personnes affiliées à l’Agirc-Arrco qui liquident leurs droits à la retraite au moment où elles remplissent les conditions du taux plein (âge légal de départ et nombre d’annuités exigé). Les salariés du privé qui souhaitent éviter cette sanction doivent reporter d’un an le moment de leur départ à la retraite (soit à 63 ans au minimum, tandis qu’un million d’agents publics ont la possibilité de partir avant 60 ans).


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