|
Sauvegarde retraite : des Citoyens qui Prennent leur Retraite en Main |
|
Les jeunes et la Vieille Europe (03/04/2006) |
|
Jean Pierre Chevallier commente une étude de Work for all sur les engagements de retraite en Europe et les conditions de la croissance. Où l'on voit que la France est la plus endettée, avec des charges de retraites de 5 500 milliards d'euros. Trois fois plus que les estimations de Bercy ! |
|
Les jeunes sont mal venus dans la Vieille Europe et en France en particulier ! En effet, ils sont généralement sous-payés (quand il arrivent à trouver du travail) bien que leur productivité soit aussi élevée que celle des autres salariés, en particulier de leur aînés qu’ils remplacent quand ils partent en retraite. Ils sont sous-payés… parce qu’il sont jeunes, car en France le niveau des salaires dépend plus de l’ancienneté que de la productivité réelle, tel est le résultat des négociations collectives imposées par les syndicats depuis des décennies et maintenant bien entrées dans les mœurs. En outre, ils héritent d’une dette colossale léguée par le système de retraite par répartition voulu lui aussi par les syndicalistes et les hommes politiques de gauche et de droite qui se sont succédé au pouvoir depuis l’après guerre. Il est difficile de chiffrer ces engagements de retraites car ils ne sont pas correctement provisionnés. Le rapport Pébereau les évaluait à plus de 800 milliards d’euros pour les seuls fonctionnaires en 2005, Jean Arthuis retenait plus de 300 milliards pour les seules grandes entreprises publiques. Pour l’ensemble de la population, les économistes de Work for all reprennent les chiffres (2003) calculés par la banque néerlandaise ABN AMRO qui leur paraissent fiables d’après les vérifications plus précises qu’ils ont faites sur le cas de la Belgique : les charges prévisionnelles de retraites sont en réalité de l’ordre de 300 % du PIB en moyenne en Europe et en France en particulier, ce qui est considérable ! % du PIB Dette publique Retraites Total des dettes France 75 332 407 Allemagne 68 188 256 Italie 123 230 352 Espagne 52 665 717 Seul le Royaume-Uni a des dettes normales compte tenu des charges de retraite, les Pays-Bas et l’Irlande étant les seuls à afficher des chiffres acceptables. Les Américains ont provisionné presque normalement leurs retraites : ils disposent de plus de 10 000 milliards de dollars placés dans des fonds de pension et de plus de 2 000 milliards provenant d’un système de retraite publique par répartition alimenté par la Payroll Tax au taux de 12,4 % qui devrait couvrir les besoins des futurs retraités, sauf pendant quelques années aux alentours de 2040… alors qu’en France les fonds de pension n’existent pas ! % du PIB Dette publique Retraites Total des dettes Royaume-Uni 44 14 58 Pays-Bas 62 85 147 Irlande 29 150 179 Etats-Unis 60 50 ? 110 ? Sources : OCDE pour la dette publique (2004), et pour le reste ABN AMRO qui ne fournit pas de chiffres pour les Etats-Unis (qui sont estimés ici par recoupements). Pour un PIB de 1 680 milliards d’euros en France en 2005, les dettes non provisionnées pour les retraites se montent ainsi à 5 500 milliards d’après ces estimations dont la fiabilité est très élevée car elles sont en concordance avec les rares informations qui sont publiées dans les comptes certifiés d’entreprises comme La Poste (70 milliards) et GDF (15 milliards). Les agences de notation prétendent qu’il n’y a aucun risque de défaut de paiement dans un avenir envisageable et elles ne déclassent donc pas ces dettes souveraines ! La désinformation dans tous les pays européens quant à l’absence de provisionnement des retraites est étonnante. Quelques banques comme ABN AMRO s’y intéressent de près et fournissent des informations fiables car c’est le système bancaire commercial qui sera finalement amené à terme à re-financer une grande partie de ces dettes… *** L’absence de provisionnement des retraites se manifeste aussi dans l’hypertrophie de l’agrégat monétaire M1 dans la zone euro, ce qui a des répercussions sur la structure des taux de l’obligataire public : les rendements des taux longs (le Bund allemand à 10 ans) sont inférieurs de 100 points de base environ à ceux des bons du trésor américains. En effet, 2 000 milliards d’euros se trouvent a priori en excès dans l’agrégat M1 de la zone euro (ce qui correspond aux disponibilités détenues dans les portefeuilles et sur les comptes bancaires créditeurs) par rapport à M1 aux Etats-Unis pour une population du même ordre : 300 millions d’habitants. Ces 2 000 milliards d’euros sont de l’argent qui se trouve dans le patrimoine des ménages de la zone euro alors qu’ils devraient être placés dans des fonds de pension afin de financer le développement des entreprises comme c’est le cas aux Etats-Unis. Les Américains disposent (outre les 10 000 milliards de dollars placés dans des fonds de pension et les 2 000 milliards provenant du système de retraite publique par répartition), de plus de 5 000 milliards de dollars d’épargne visibles dans l’agrégat M2-M1 alors que l’épargne dans la zone euro n’en représente que la moitié : 2 700 milliards d’euros. Par ailleurs, les entreprises américaines disposent de 3 500 milliards de dollars de trésorerie disponible contre 1 000 milliards d’euros seulement pour les entreprises de la zone euro, ce qui apparaît dans l’agrégat M3-M2. Milliards M1 M2 - M1 M3 - M2 M3 € Zone euro 3 400 2 700 1 000 7 100 $ Etats-Unis 1 400 5 400 3 500 10 300 Toutes ces informations sont concordantes et très inquiétantes car cette situation crée un fossé générationnel entre les jeunes et… les autres. La seule solution pour résoudre ces problèmes est de rétablir une croissance du PIB la plus élevée possible compte tenu des contraintes. Le potentiel optimal de croissance du PIB est le résultat de l’augmentation de la population et des gains de productivité. Les données récentes sont les suivantes : Croissance en % Population Productivité PIB Etats-Unis 1 2,5 3,5 France 0,5 1 1,5 La faiblesse des gains de productivité globale en France s’explique par les gains de productivité négatifs dans le secteur public (alors que les entreprises ont une productivité normale). Avec un taux de croissance de 3,5 % en moyenne comme c’est le cas depuis l’après guerre, le PIB des Américains double en 20 ans alors qu’avec 1 % de croissance, il faudrait 70 ans pour en arriver au même résultat en France et 45 ans avec un taux de 2 % (la croissance était de 1,4 % en 2005 en France et elle va faiblir dans les mois à venir à cause du relèvement des taux de la banque centrale aux Etats-Unis). Pour renouer avec une croissance du PIB dans les 5 % en France, la seule et unique condition, nécessaire, est de diminuer le taux des prélèvements obligatoires qui se monte à 53 % d’après les statistiques harmonisées de l’OCDE alors qu’à l’optimum, il devrait être aux alentours de 35 % comme aux Etats-Unis et en Irlande. Pour baisser ce taux des prélèvements obligatoires, surtout ceux qui portent sur les revenus du travail, il faut aller à l’encontre des intérêts et de la volonté des syndicalistes et de la plupart des hommes politiques de gauche et de droite qui sont au pouvoir… et il ne faut surtout pas détériorer davantage la situation des jeunes dans la Vieille Europe et en France en particulier avec le CPE ! Pour restaurer la croissance et la prospérité dans la Vieille Europe, les gens doivent pouvoir gagner de l’argent en travaillant comme ils l’entendent, et pouvoir acheter la maison de leurs rêves. Ils sont informés, à eux de réagir positivement !
|
|
|
|