Les faux cadeaux de Noël aux retraités

En ce début 2017, les retraités modestes font l’objet de toutes les attentions du gouvernement. Cet exercice de communication électorale n’efface ni le passé, ni le passif…

Pour les retraités, c’est Noël après la fête ! En ce début d’année 2017, à cinq mois de l’élection présidentielle – seuls les mauvais sujets y verront un rapport de cause à effet… –, le gouvernement s’est aperçu qu’il avait trop maltraité les pensionnés ces dernières années.
« Monsieur Dufisc » s’est donc déguisé en père Noël à la retraite et il est descendu dans la cheminée, affublé d’une fausse barbe blanche, pour déposer dans les petits souliers de 500 000 pensionnés parmi les plus modestes un allègement de CSG, par le biais d’une revalorisation de 3 % des seuils du revenu fiscal de référence.

Ainsi, les retraités dont la pension mensuelle est inférieure à 1 013 € sont exonérés de CSG ceux dont la pension est comprise entre 1 013 € et 1 286 € bénéficient du taux réduit (3,8 %) et les richards qui perçoivent une retraite de 1 287 € (largement en dessous du Smic* !) ou davantage, paient la CSG « plein pot » au taux de 6,6 %.
La mesure, inscrite dans la loi de Sécurité sociale pour 2017, a pris effet dès ce mois de janvier. Le gouvernement espère qu’elle suffira à consoler les retraités et que cette carotte de la dernière heure leur fera oublier les précédents coups de bâton :
- la suppression de l’exonération ou du taux réduit pour de nombreux retraités,
- la suppression de la demi-part des veuves (décidée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et maintenue sous celle de François Hollande),
- la création de la CASA,
- l’augmentation du « forfait fiscal » sur les compléments retraite des salariés (impôt créé en 2009),
- la fiscalisation des majorations familiales,
- le gel de la revalorisation des retraites depuis deux ans...
Sans parler de la loi calamiteuse de janvier 2014, par laquelle Marisol Touraine a évité de remédier aux injustices criantes du système et d’engager la réforme de fond qui s’impose pour sauver les retraites.
Pour faire bon poids, un communiqué de presse signé par les ministres Michel Sapin (Economie et Finances), Marisol Touraine (Affaires sociales) et Christian Eckert (Secrétaire d’Etat au Budget) rappelle qu’en 2014, le plafond de revenus pour bénéficier de l’exonération de CSG a été relevé de 4 %. Les ministres ne précisent pas que cette correction partielle ne fut apportée à leur mesure que pour apaiser la vague de mécontentement qu’elle avait provoquée.

Pis encore : ils écrivent que : « en 2015, le Gouvernement (…)a décidé de prendre en compte le revenu fiscal de référence, et non plus le montant d’impôt payé, pour déterminer le passage du taux réduit au taux normal : le montant de la CSG a ainsi été réduit pour 700 000 retraités supplémentaires. » Ce couplet donnerait à penser que cette dernière décision a été favorable aux retraités ! Or, c’est précisément la prise en compte du revenu fiscal de référence qui fut à l’origine de la suppression du taux réduit à des centaines de milliers de retraités modestes.
Il ne s’agit là que d’une tentative effrontée pour « enfumer » les retraités et faire oublier les mesures qui les ont frappés pendant le quinquennat.
La communication gouvernementale ressemble décidément aux boniments des joueurs de bonneteau.
* en 2017, le Smic mensuel pour 35 heures, après déduction des CSG et CRDS s'élève à 1480,27 €

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