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Conseil d'orientation des retraites : Madame Irma devrait enlever ses lunettes roses

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a pour mission d’éclairer le gouvernement sur les perspectives à moyen et à long termes du système de retraite. Mais il bâtit ses prévisions sur des hypothèses erronées.

Le COR ressemble à Madame Irma : ses prédictions correspondent toujours peu ou prou à ce qu’attendent ses clients, en l’occurrence l’Etat et le gouvernement. Il n’est donc pas surprenant que le contenu de sa boule de cristal s’en ressente un peu et que le COR envisage l’avenir à travers des lunettes roses.

Selon Le Figaro, Le COR lui-même admet, dans un document dont ce journal a obtenu copie, qu’il a dû systématiquement réviser les hypothèses de croissance et de chômage sous-tendant ses projections financières.

En effet, dès son premier rapport, publié en 2001, le « scénario de référence » retenu par le COR (et présenté comme « volontariste », car « fondé sur l’hypothèse d’une prolongation du processus vertueux qu’a connu l’économie française entre 1997 et 2001 ») tablait sur le retour en 2010 à un taux de chômage de 4,5 % – ce qui correspond au plein emploi... D’autres hypothèses étaient toutefois envisagées : dans un scénario « gris », le plus pessimiste, ledit taux ne devait pas dépasser 7 % en 2010 et dans le plus optimiste, il devait même descendre à 3 % !

Les faits ont, comme on sait, démenti ces pronostics : à la fin de l’année 2010, le taux de chômage en France s’établissait en réalité à 9,6 % (selon l’Insee). Oups !

Qu’à cela ne tienne ! Dans le « scénario de base » (toujours « volontariste ») de son rapport 2007, le COR, qui ne manque assurément pas de suite dans les idées ni dans les projections, retint de nouveau un taux de chômage à 4,5 %... mais cette fois à partir de 2015.

Las ! Au troisième trimestre 2015, le taux de chômage en France s’élevait à 10,6 %. Zut alors !

Rendu prudent par ces expériences, le COR s’est astreint depuis à un effort méritoire en vue d’améliorer sa crédibilité : il intègre dorénavant à ses différents scénarios une « variante chômage » envisageant que le taux de chômage puisse se maintenir à 10 % jusqu’en 2060. Par ailleurs, il ne parle plus de scénario « de référence » (ni « volontariste ») et précise qu’au contraire, l’élaboration de ses hypothèses macroéconomiques « ne s’inscrit pas dans une démarche de prévision économique, mais dans la constitution de variantes suffisamment contrastées – et dont aucune n’est privilégiée par rapport aux autres – afin de balayer un large éventail des possibles et de porter un diagnostic nuancé des perspectives financières du système de retraite. » À la bonne heure ! Faute à moitié avouée est à demi pardonnée !

Pour autant, dans son rapport 2015 (publié en juin dernier), le COR continue à faire état d’un scénario central (dit scénario B), bâti sur le postulat d’un retour à un taux de chômage à 4,5 %... mais cette fois (tout bien réfléchi ?) à partir de 2031 !

On peut donc aisément supposer que dans son rapport de 2030, il prédira le chômage à 4,5 % pour 2046 (toujours en prévoyant à côté une « variante chômage » à 10 % afin de paraître plus crédible) et ainsi de suite. Avec le temps, le scénario rêvé dans la boule de cristal du COR finira peut-être un jour par se réaliser…


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