Monsieur Hollande, le changement, c'est maintenant !

Une étude du COR annonce une baisse du niveau de vie des retraités, « à législation inchangée ». Une raison de plus de réformer le système !

Selon une étude du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) publiée le 17 décembre, le niveau de vie des retraités devrait baisser de plus en plus sensiblement par rapport à celui des actifs, du milieu des années 2020 jusqu’en 2060. Sur cette période, le montant net moyen des pensions devrait augmenter régulièrement en euros constants, mais moins vite que celui des salaires. À terme, le niveau de vie moyen des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la population, de 106 % actuellement, diminuerait pour s’établir, selon les scénarios retenus, entre 83 % et 96 % en 2040 et entre 74 % et 94 % en 2060. Encore faut-il rappeler que les prévisions du COR se sont toujours avérées trop optimistes !

En outre, il s’agit ici de moyennes, qui ne traduisent pas les différences de traitement entre les différents régimes. En réalité, les retraites du privé subissent déjà une érosion, sous l’effet :

  • - de la baisse des taux de remplacement (différence entre le dernier salaire et le montant de la pension), comme l’a montré l’actuaire Jacques Algarron dans plusieurs études publiées par Sauvegarde Retraites (1)
  • - du rabotage fiscal (hausse de la CSG, fiscalisation des majorations familiales, taxes sur les retraites chapeau, suppression de la demi-part des veuves, etc.)
  • - du gel des revalorisations (0,1 % en 2015 après deux années de gel complet).
  • Parallèlement, les cotisations ne cessent pas d’augmenter pour les actifs du secteur privé – qui, en tant que futurs retraités, sont les premiers concernés par les prévisions du COR : ils versent plus et percevront moins. (Rappelons que le poids des cotisations sociales prélevées en France est le plus lourd d’Europe à l’exception de l’Italie).

    Le COR prépare ainsi les esprits au sacrifice des retraites pour sauver le régime. Ce sacrifice annoncé est d’autant plus insupportable qu’il concerne un système obligatoire, auquel la loi nous contraint à adhérer et qui est piloté par l’Etat-Providence, avec le concours d’organisations professionnelles qui trouvent dans ledit système une source de financement et d’avantages. En revanche, ni l’Etat, ni les organisations syndicales et patronales, « gestionnaires » en particulier des régimes complémentaires du privé Agirc et Arrco, n’ont pris les moyens d’assurer l’équilibre du système de retraites tant qu’il en était temps.

  • - Au régime général, les dernières réformes a minima des retraites ont maintenu le fonctionnement par annuités au lieu de passer au système par points, qui autorise une gestion plus adaptée aux évolutions démographiques et financières.
  • - À l’Agirc et à l’Arrco, qui fonctionnent par points, la souplesse propre à ce mode de gestion aurait dû permettre de garantir le financement des régimes, mais les mesures adéquates n’ont pas été adoptées
  • Au fil des années, on a ainsi laissé le gouffre se creuser. Et le COR annonce aujourd’hui aux retraités actuels et futurs, otages de ce système verrouillé, qu’ils devront se serrer la ceinture, en fonction de scénarios et de projections réalisés « à législation inchangée ».

    Il serait temps, justement, de changer la législation en pratiquant une réforme de fond de notre système de retraite !


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