Le mirage du « droit opposable à la retraite »

Marisol Touraine décrète un illusoire « droit opposable à la retraite » alors qu’il ne s’agit que de régler des dysfonctionnements administratifs.

Depuis le 1er septembre 2015, un décret signé par Marisol Touraine est supposé garantir le paiement par la Cnav de la première pension dans le mois suivant le départ à la retraite. Qu’un retraité puisse toucher sa pension sans rupture de revenus après la cessation de son activité professionnelle, cela semble pourtant la base de toute bonne gestion administrative !

Si le ministre des Affaires sociales a signé ce décret, c’est donc que cela n’allait pas de soi. Et pour cause : des retards ubuesques ont privé de pension plusieurs milliers de retraités pendant de longs mois, particulièrement en Picardie et en Languedoc-Roussillon.

Là ou Marisol Touraine fait fort, c’est dans les éléments de langage qu’elle déploie pour créer l’illusion d’un « droit opposable à la retraite du régime général » (sic), alors qu’il n’y a aucune corrélation possible entre le fait de contraindre les caisses à bien faire leur boulot – ce qui est la moindre des choses – et la création d’un pseudo-droit nouveau au bénéfice des affiliés de la Cnav.

En réalité, ce que Madame Touraine appelle le « droit opposable à la retraite » n’existe pas en France, pas davantage après ce décret qu’avant. En effet, la jurisprudence constante précise qu’il n’y a pas de « droits garantis » mais une simple « vocation » à percevoir des droits à la retraite – ce que la plupart de nos concitoyens ignorent.
Pourtant, la nuance est de taille.

Le tour de passe-passe langagier de la ministre ne vise donc qu’à retourner à son profit – en prétendant accorder un nouveau droit – les remous provoqués par la détresse de 8 000 retraités privés de pension au début de l’année 2015.

Par ailleurs, il est clair que – juridiquement garanties ou non – les pensions ne pourront être payées que dans la mesure où les caisses voient s’écarter le spectre de la faillite. Sauf à penser que l’on puisse éponger les déficits par décret…


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