De la MECSS à la DRESS, la propagande d'Etat bat son plein

Sénateurs et fonctionnaires de la Dress sont d'accord pour préparer les retraités du privé à de nouveaux sacrifices, en continuant d'épargner les bénéficiaires des régimes spéciaux.

La MECSS, Mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale du Sénat, et la DRESS, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, ont publié au mois de juillet un rapport et une étude illustrant la définition que le dictionnaire Larousse donne de la propagande : « action systématique exercée sur l’opinion pour lui faire accepter certaines idées ou doctrines, notamment dans le domaine politique ou social. »


Ainsi, dans son rapport, intitulé « Ramener durablement notre système de retraite à l’équilibre », la MECSS du Sénat considère que le régime de retraite français est « relativement équitable »sans que soient prises en compte les différences de traitement flagrantes entre les bénéficiaires des régimes spéciaux du public et les affiliés au régime général du privé (CNAV) !
Le rapport constate toutefois les résultats insuffisants des mesures qui ont été prises depuis 1993 pour tenter de restaurer l’équilibre financier des retraites, mais, loin de conclure à la nécessité d’une réforme du système, il suggère de repousser encore l’âge légal de départ – jusqu’à 64 ans en 2024. Encore faudrait-il, auparavant, revenir sur les avantages des 1,3 million de bénéficiaires de régimes spéciaux qui partent à la retraite à 52 ou 57 ans (encore pour ceux des entreprises publiques le report de deux ans ne sera-t-il effectif qu’en 2023) !


L’étude de la DRESS
, intitulée « Le taux de remplacement du salaire par la retraite diminue au fil des générations », affirme que les anciens salariés du privé de la génération 1946 bénéficient de taux de remplacement « légèrement plus élevés » que ceux du public et qu’au fil des générations (de 1936 à 1946), les taux de remplacement médians diminuent plus fortement dans le public (-7,3 points) que dans le privé (-3,4 points). Autrement dit, les retraités du privé seraient mieux lotis que les bénéficiaires des régimes spéciaux !
Le « scoop » est d’autant plus ébouriffant que dans un précédent rapport publié en 2012 (1), la DRESS constatait, à propos de la génération 1942, exactement l’inverse
: les anciens salariés du secteur public percevaient un taux de remplacement médian généralement légèrement plus élevé que ceux du privé. L’étude contredit donc le rapport…


Par ailleurs, rappelons que dans la fonction publique, les taux de remplacement bruts après une carrière complète ne varient pas : ils restent de 75 % garantis par l’Etat et les pensions sont calculées sur les 6 derniers mois de traitement. Au contraire, dans le secteur privé, les taux ne sont pas garantis et les pensions n’ont cessé de baisser, comme l’a montré l’actuaire Jacques Algarron dans une étude publiée par Sauvegarde Retraites en décembre 2012 (2).


Les fonctionnaires de la Dress,
en publiant une telle étude, cherchent-ils à préparer les esprits à une nouvelle baisse des taux de remplacement, qui concernerait, une fois de plus, le seul secteur privé ? La vigilance s’impose.

Sauvegarde Retraites ripostera au cours de l’automne par de nouvelles publications (1) et une campagne dans les médias, afin de rétablir les vérités que les fonctionnaires et les politiques cherchent à déguiser, et d’empêcher que les retraités du secteur privé ne soient encore les dindons de la farce.

(1) Montant des pensions de retraite et taux de remplacement, Solidarité Santé, n° 33, novembre 2012.

(2) Notamment une publication de l’étude de Jacques Algarron, réactualisée.


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