Aiguilleurs du ciel : la grève des nantis

Les contrôleurs aériens sont encore en grève ! Une grève de nantis, uniquement préoccupés de préserver leurs innombrables avantages, à commencer par un régime de retraite en or.

Les aiguilleurs du ciel sont en grève et menacent de remettre ça pendant les vacances de Pâques, prenant une fois de plus en otages les passagers. Un seul syndicat de contrôleurs aériens (le SNCTA) suffit à provoquer l’annulation de 50 % des vols. Il faut dire que les 3 800 aiguilleurs du ciel sont des spécialistes. Déjà, en juin 2014, le gouvernement avait « lâché du lest pour éviter une grève dure » pendant le week-end des grands départs des vacances d’été.

Les aiguilleurs accumulent pourtant les avantages. Mais ils ne se contentent pas de faire grève pour préserver leur « fromage », ils abusent des grèves à répétition pour l’agrandir : une grève débouche sur une « table ronde » et d’une « table ronde » découle quasi-systématiquement un avantage en plus… Les prétextes sont savamment orchestrés. Cette fois, il s’agit notamment du relèvement de 57 et à 59 ans… en 2023, de l’âge pivot à partir duquel ils peuvent partir à la retraite sans subir de décote. Rappelons que pour les salariés du privé, cet âge est repoussé à 67 ans dès 2017.

Les aiguilleurs du ciel n’en essayent pas moins de faire pleurer Margot sur leur triste sort : « Aujourd’hui 600 à 700 contrôleurs sont dans le flou sur leur avenir », disent-ils… C’est le comble de l’indécence quand on sait qu’ils comptent parmi les agents publics les mieux protégés et les mieux lotis, y compris à la retraite : en 30 ans, leur pension a plus que doublé, passant de moins de 2 000 € à plus de 4 000 € par mois.

De grève en grève, ils ont obtenu :

- un statut de fonctionnaire « hors catégories » (dont ils obtiennent la revalorisation en moyenne tous les trois ans)

- la revalorisation régulière de leurs derniers mois de traitement (et donc du montant de la pension, calculée sur les 6 derniers mois)

- la retraite surcomplémentaire de la fonction publique (RAFP)

- une nouvelle bonification indiciaire (NBI), prime ouvrant un droit spécifique à la retraite

- une prime « retraité » (ATC) perçue pendant 13 ans

- une indemnité spéciale de qualification (ISQ) dont la revalorisation compense systématiquement (et parfois mieux !) toute hausse de cotisations, etc.

Pour couronner le tout, les contrôleurs aériens travaillent moins que le tout-venant des salariés (32 heures par semaine, dont 8 heures de repos et de récupération, soit 24 heures de travail effectif), peuvent légalement partir à la retraite plus tôt (pour certains dès 52 ans) et bénéficient de trimestres gratuits (4 trimestres tous les cinq ans).

Le tout est finalement payé par les contribuables, qui acceptent toutefois de plus en plus mal les caprices et les foucades de ces privilégiés. Il est plus que temps d’aligner les régimes spéciaux, à commencer par celui des contrôleurs aériens, sur le régime du privé !


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