Les 7 péchés du compte pénibilité

Adopté en deuxième lecture par l’Assemblée nationale après le rejet du Sénat, il souffre dès l’origine de sept péchés capitaux et rédhibitoires

1. L’hypocrisie. À en croire le gouvernement, il introduirait un facteur d’équité dans la pseudo-réforme des retraites, concoctée par Marisol Touraine. En réalité, il s’agit d’un alibi qui a permis au gouvernement de faire l’impasse sur les véritables mesures de justice, en particulier celles concernant les différences de traitement outrancières entre les retraités du privé et ceux des régimes spéciaux de la fonction publique et assimilés.

2. La contradiction. Le compte pénibilité permettra aux salariés qui auront acquis suffisamment de points de partir plus tôt à la retraite s’ils le souhaitent, promet le gouvernement. Mais parallèlement, faute d’une véritable réforme, l’âge de départ ne cesse de reculer et le temps de cotisation d’augmenter. Où est la logique ?

3. La complexité. François Hollande avait promis un « choc de simplification », le moins que l’on puisse dire est que l’on n’en prend pas le chemin avec le compte pénibilité. Sa mise en place est un casse-tête pour les entreprises, notamment pour les PME déjà fragilisées.

4. La cherté. Selon une enquête de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (IUMM), cette mesure coûterait aux entreprises, du fait des cotisations mais aussi du coût de sa gestion administrative et technique, entre 500 et 600 euros par an et par salarié (concerné ou pas par le dispositif).

5. L’incohérence. La mise en place du compte pénibilité augmentant ainsi le coût du travail, les entreprises embaucheront moins. Or, dans un système par répartition, ce sont les cotisations des actifs qui permettent de payer les pensions. Si les entreprises cessent d’embaucher, le nombre des chômeurs augmente, celui des actifs diminue et les cotisations de retraite sont supportées par un plus petit nombre d’actifs, ce qui n’est pas sans conséquences pour les retraites : soit les cotisations augmentent, soit les pensions baissent… et les deux effets se conjuguent le plus souvent !

6. L’imprécision. Qu’est-ce qu’une posture « pénible » ? À partir de quel volume le bruit devient-il insupportable ? Pourquoi retenir, parmi les critères qui ouvrant droit au bénéfice du compte pénibilité, certains « gestes », mais pas le « burn out » dont souffrent de nombreux cadres ? Une fois de plus, les technocrates prétendent régenter une réalité qui leur échappe.

7. La tromperie. Dans un système par répartition, le montage réalisé par le gouvernement sous le nom de « compte de pénibilité » s’apparente au système de Ponzi, remis à l’honneur par l’escroc Bernard Madoff. Les cotisations et surcotisations prélevées sur les entreprises ne seront pas capitalisées pour financer à terme des départs anticipés à la retraite, mais immédiatement jetés dans le gouffre du déficit. Il reviendra aux générations suivantes de payer le nouveau cadeau du gouvernement… s’il leur en reste les moyens.
Présenté comme une mesure-phare de la dernière non-réforme des retraites, le compte pénibilité apparaît aujourd’hui comme un gadget idéologique irréaliste et inapplicable, qui suscite des oppositions jusqu’au sein du gouvernement !


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