La retraite à 63 ans, c'est pas facile, mais c'est prévu !

En disant que l’âge de la retraite reculera à 63 ans en 2030, François Hollande avoue ce que son gouvernement voudrait cacher aux Français.

Même pour un énarque devenu Président de la République, « c’est pas facile » de maîtriser la question des retraites… François Hollande nous l’a lui-même montré, lors de sa prestation télévisée du 6 novembre, en confondant l’âge légal de départ avec la durée de cotisation.

Répondant à une question sur le faible taux d’emploi des « seniors », il a en effet déclaré, en évoquant le recul de l’âge de la retraite : « aujourd’hui, c’est 62 ans en 2030, ce sera 63 ans… » Un vrai « scoop », puisqu’il n’en est, pour l’instant, pas question !

Première bourde : « aujourd’hui », ce n’est pas 62 ans, comme dit le Président, puisque la loi Woerth a prévu un report progressif de l’âge légal de départ, qui ne devrait atteindre 62 ans qu’en 2017, pour les générations nées à partir de 1955. Même à cette date, d’ailleurs, une partie des retraités pourra décider de prendre sa retraite plus tôt, comme les « carrières longues », ce qui se conçoit puisque ces affiliés ont aussi commencé à cotiser plus tôt, mais aussi, de manière beaucoup moins justifiable, les bénéficiaires des régimes spéciaux, qui, grâce au système des bonifications, pourront partir dès 57, voire 52 ans (1) avec une retraite à taux plein.

Précisément, les retraités ne pourront bénéficier du taux plein que s’ils ont validé suffisamment de trimestres cotisés. Or, la dernière pseudo-réforme des retraites (loi du 20 janvier 2014) a prévu d’augmenter la durée de cotisation qui, de 41,5 ans aujourd’hui, passera à 41 ans et 3 trimestres en 2020, puis s’accroîtra progressivement jusqu’à atteindre 43 ans en 2035 (pour les affiliés nés à partir de 1973).

Officiellement, les socialistes, qui avaient critiqué le recul de l’âge de la retraite inscrit dans la réforme Woerth, ne le repoussaient pas davantage.
Mais en réalité, l’augmentation de la durée de cotisation nécessaire pour avoir le taux plein se traduira dans les faits par le report de l’âge de départ pour les affiliés qui ne voudront pas subir une amputation sensible de leur retraite. François Hollande ne se trompe donc pas lorsqu’il annonce qu’ « en 2030, ce sera 63 ans » (du moins pour le tout-venant des retraités…) mais il « crache le morceau », comme on dit, en avouant publiquement le gros vilain mensonge par omission de son gouvernement.

(1) Pour les salariés des entreprises publiques ou semi-publiques, comme la RATP, la SNCF ou les industries électriques ou gazières, l’âge légal ne commencera à reculer qu’en 2017 et la réforme ne sera pleinement réalisée qu’en 2023. À cette date seulement, un conducteur de la SNCF pourra légalement liquider ses droits à la retraite à 52 ans. Les salariés du privé, eux, partiront à 62 ans dès 2017.


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