Ircantec : non au siphonnage des caisses du privé !

Le gouvernement feint de faire marche arrière. Ce faux-semblant masque un piège encore plus dangereux pour les caisses de retraite complémentaire du privé.

La révélation par Sauvegarde Retraites du projet de siphonnage des caisses de retraite complémentaire du privé par l’Ircantec a provoqué un véritable tollé.
Les membres de la mission sénatoriale d’évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale (MECSS), qui ont récemment entendu Marie-Laure Dufrêche et Pierre-Edouard du Cray sur le chapitre des retraites, ne se sont pas fait faute de le leur dire : « Vous avez semé un beau bazar ! ».
Ce « beau bazar » s’est matériellement traduit par 135 000 pétitions, que Sauvegarde Retraites a apportées le 18 mars au Premier ministre et au Président de la République. Devant cette protestation massive, le gouvernement ne pouvait pas se permettre de rester passif, surtout à la veille de lancer la grande réforme des retraites promise par Nicolas Sarkozy.
Il a donc fait savoir que le principe de la soulte, versée à l’Ircantec pour solde de tout compte, serait abandonné. A la place, un véritable tribut (présenté comme une « compensation ») sera calculé annuellement par les gestionnaires de l’Agirc Arrco et de l’Ircantec, et payé par les fourmis du privé à la cigale publique.
Rappelons en effet que le régime de l’Ircantec – qualifié de « spécifique » pour ne pas dire spécial – est incomparablement plus généreux que celui de l’Agirc Arrco : les cotisations des affiliés de la caisse publique sont inférieures de 41 % à celles du privé, pour un rendement très supérieur : 11,40 % contre 6,64 %. Ainsi, pour 1 euro cotisé, les retraités du privé perçoivent en moyenne 1,28 euros, et ceux de l’Ircantec, 2,28 euro. Cette générosité coûte trop cher pour que le régime spécial puisse faire face par lui-même à la dépense. D’où la « soulte ».
Il y aurait lieu de se réjouir de l’apparent recul du gouvernement et de la caisse publique, s’ils renonçaient au principe même de cette « soulte ». En l’occurrence, il n’en est rien : au lieu d’en déterminer le montant global, on se contentera simplement de le réévaluer chaque année, en toute opacité, jusqu’à la mort du dernier postier pensionné par l’Ircantec – autrement dit jusqu’à la fin du siècle, voire au début du prochain.

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