Scandale du Cref : vous allez payer !

Le procès de la Mutuelle des fonctionnaires a débouché sur la condamnation de ses anciens administrateurs et de l’Etat. Mais les plus punis restent… les contribuables.

18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende : c’est la peine à laquelle a été condamné l’ancien ministre socialiste René Teulade, ex-président de la Mutuelle retraite de la fonction publique (MRFP), pour abus de confiance….
Tout est parti d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) remis en 1999 et longtemps tenu secret, qui faisait état des pratiques très particulières mises en œuvre par Teulade et sept gestionnaires du Complément de retraite de la fonction publique (CREF).L’IGAS leur reprochait de bénéficier indûment d’avantages nombreux (indemnités forfaitaires, logement et véhicule de fonction, restauration prise en charge de cotisation d’assurance).
Ainsi René Teulade – ancien ministre des affaires sociales du gouvernement Bérégovoy, ancien suppléant de François Hollande à l’Assemblée nationale et actuellement sénateur de Corrèze – bénéficiait en toute illégalité, selon l’IGAS, d’un superbe appartement situé en plein cœur de Paris ( rue de Solférino, où se trouve aussi le siège du PS) représentant un avantage de 225 000 francs par an en 1997, d’une voiture de fonction et de plus de 45 000 euros d’indemnités diverses.
Autant d’avantages
payés avec l’argent des cotisations versées par les adhérents du CREF, alors qu’en raison de la gestion délétère de ce fonds, la valeur du point a chuté de 25 % en 2000. Autrement dit, pendant que les administrateurs se goinfraient, les administrés se serraient la ceinture…
En regard des faits qui leur sont reprochés, les peines et amendes infligées à Teulade et à ses comparses, anciens administrateurs de la mutuelle (8 à 10 mois de prison avec sursis et 1 500 euros d’amende pour Norbert Attali, Yves Durand, Monique Escande, Paul Faure, Jacques Fleurotte, Pierre Teul-Sensacq et Jean-Louis Vaucoret) paraissent ridicules.
En revanche, les contribuables sont beaucoup plus lourdement châtiés : le 6 mai dernier, le tribunal administratif a condamné l’Etat, pour n’avoir pas contrôlé la gestion du CREF, à indemniser près de 5 000 adhérents de la mutuelle, pour un montant qui s’élèvera au minimum à 56 millions d’euros.

Ainsi, les salariés et retraités du privé,
qui ne sont pour rien dans cette querelle, paieront en tant que contribuables les pots cassés d’un complément de retraite qui apparaissait à l’origine comme un avantage supplémentaire donné aux fonctionnaires.

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