Les Britanniques réforment à temps

La réforme des retraites envisagée Outre-Manche semble d’une extrême rigueur. Des efforts que les Français devront accepter demain.

John Bull porte bien son nom. Prenant par les cornes le taureau des retraites, le gouvernement britannique s’emploie à tordre le cou au défaut de gestion du système, au prix de sacrifices auprès desquels les mesures prévues par la réforme française sont une aimable plaisanterie.

A l’heure actuelle, le système britannique, complexe et sans grande cohérence, se compose :

- d'une pension de base (Basic pension) ;

- d'une pension additionnelle (S2P) ;

- de régimes privés d'entreprise ;

- d'épargne individuelle.

L’agence AEF info a exposé les grandes lignes de la réforme prévue :

· Concernant la pension de base (Basic Pension). Il s’agit d’un régime par répartition, d’un montant uniforme (à taux plein) de 112 euros par semaine pour un retraité vivant seul et 179 euros pour un couple. Le gouvernement envisage de porter son montant à 160 euros, pour les personnes seules comme pour les couples (qui seraient donc encore plus désavantagés).

Par ailleurs, l’âge de départ, actuellement à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes, sera reporté à 66 ans pour tout le monde d’ici 2020 (et à 65 ans pour les femmes avant novembre 2018 au plus tard).

· Concernant les régimes d’entreprise, les employeurs, qui pouvaient jusqu’à présent choisir d’affilier leurs salariés, seront tenus de le faire obligatoirement à compter d’octobre 2012 pour les plus grandes, de 2016 pour les petites, soit auprès d’un régime d’entreprise, soit auprès du National Employment Savings Trust, nouveau régime de retraite d’Etat.

Ne sont toutefois concernés que les salariés de plus de 22 ans et gagnant au minimum 8 739 euros par an. Le taux de cotisation, de 1 % pour l’employeur et 2 % pour le salarié en 2016, atteindraient 3 % pour l’employeur et 5 % pour le salarié en 2017.

Par ces mesures drastiques, les Britanniques espèrent sauver leur système de retraites, qui contrairement au nôtre repose pour une large part sur la capitalisation. Reste que notre retraite par répartition n’est pas moins menacée. A voir le tollé qu’a suscité chez nous le report de l’âge de la retraite à 62 ans, on imagine ce que produirait une réforme à l’anglaise. En ne prenant pas les mesures nécessaires tant qu’il en est encore temps, les Français risquent pourtant de devoir prendre d’ici quelques années des mesures encore plus drastiques que les Britanniques aujourd’hui.


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