Sénateurs :

L’intention des sénateurs est bonne : réformer leur super-régime spécial. Mais la réalisation laisse à désirer...

Le contexte est propice à une réforme du super-régime spécial des sénateurs.
Difficile, en effet, d’exhorter une fois encore les Français à faire des efforts, sans paraître en consentir soi-même. Difficile, par exemple, de voter le recul de l’âge de départ pour les autres, tout en s’arrangeant pour y échapper, ou de décider d’aligner les cotisations des fonctionnaires sur celle des salariés du privé, sans mettre soi-même la main à la poche.

Les sénateurs acceptent donc :
. l'alignement en termes d'âge de départ (62 ans) et de durée de cotisation (41 ans et 3 mois à partir de 2013 et 41 ans et 6 mois, à compter de 2020) ;
. l'augmentation de leur cotisation, qui passe de 9,51% à 10,55 %.


Dont acte sur le principe. Cependant, sur la réalisation, c’est le flou artistique : « Le relèvement du taux se fera selon un calendrier fixé en fonction du résultat de l’audit triennal de la caisse de 2012. » L’eau peut couler sous les ponts. Et comme les sénateurs sont assis sur un trésor de guerre (23 ans de prestations en réserves !), le calendrier n’a guère de motifs de s’affoler.

En revanche, pour la réversion, il n’est malheureusement pas question d’alignement : le taux de réversion, sans plafond ni conditions de ressources, passera de 66 % à 60 %. Pour mémoire, la réversion est de 54 % dans le régime de base des salariés du privé (avec plafonnement et conditions de ressources) elle est de 50 %, sans conditions, pour les fonctionnaires.
Les sénateurs sont loin de pousser l'abnégation jusqu'au sacrifice. S'ils acceptent la suppression de la double cotisation, qui permettait de valider une carrière complète en 22,5 années, ils préservent les véritables piliers de leur régime de retraite :
. un rendement exceptionnel, qui leur permet de percevoir 7,4 € à la retraite pour 1 € cotisé (contre 1, à 1,5 € pour le tout-venant des Français) ;
. des pensions 100% garanties par l'Etat !

C’est sans doute ce qu’on appelle réformer à pas de sénateur...


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