La retraite des députés à peine égratignée

En pleine négociation sur les régimes spéciaux, les députés ont révisé à la marge leur système de retraite. Un geste purement politique qui ne trompe personne sur leur réelle volonté de réformer leur régime.

Avec tambours et trompettes, les députés viennent d’annoncer la réforme (enfin !) de leur régime spécial de retraite. Mais, à y regarder de près, il n’y a vraiment pas de quoi fanfaronner.
Seulement deux mesures sont prévues et elles ne risquent pas de révolutionner le Palais.
Tout d’abord, le député n’aura plus « la faculté de faire liquider sa retraite à partir de 55 ans avec une décote ».
Quelle belle affaire ! Avant l’été, les députés se sont concoctés un régime d’indemnité chômage défiant toute concurrence. Pendant les années qui suivent la perte de leur mandat, ils continuent à percevoir leur indemnité, intégralement dans un premier temps, puis partiellement après.
Dans ce contexte, pourquoi liquideraient-ils leur pension prématurément et risqueraient-ils, ainsi, de voir leur retraite amputée d’un tiers ? Autant dire que cette première mesure est de la poudre aux yeux.
Ensuite, le député fonctionnaire n’aura plus la possibilité de cotiser à « son régime d’origine ». Finies les retraites « Juppé » ou « Fabius », l’élu qui n’aura travaillé qu’une demi douzaine d’années au Conseil d’Etat, à l’Inspection des Finances ou dans n’importe quelle autre administration ne pourra plus s’offrir une retraite de fonctionnaire à taux plein.
Cette seconde mesure sonne certes la fin d’un beau scandale… Mais, pour autant, peut-on réellement parler de réforme du régime des parlementaires lorsque le cœur même du système, ce qui en fait toute l’ivresse et la saveur, est soigneusement préservé ?
Rappel : le rendement de la retraite des députés est sans équivalent. Pour 1 € cotisé, ils touchent 6 € à la retraite, contre 1 ou 1,5 € dans les régimes privé. Qui dit mieux ?
Mais le pompon, c’est que ce rendement faramineux, que même un as des marchés financiers aurait bien du mal à assurer, est 100 % garanti…
Dans ce système censé fonctionner par répartition, si les cotisations des députés ne couvrent pas le financement des retraites – et c’est systématiquement le cas – les contribuables épongent l’ardoise.
Résultat : le régime n’est autofinancé qu’à hauteur de 12 %. Les 88 % restants - c’est-à-dire 53 millions d’euros - sont abondés par la « solidarité nationale ».
Dans le climat actuel qui entoure les débats sur les régimes spéciaux, la situation ultra privilégiée des parlementaires était devenue intenable. Pour mieux préserver leurs acquis, ils se sont donc résignés à lâcher un peu de lest.


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